Sécurisation des données, traçabilité des tâches de traitement, explicabilité des résultats… Le développement de l’intelligence artificielle se heurte à un enjeu global de confiance. Au-delà des contrats et des accords qui peuvent faillir, déplacer la confiance sur la technologie peut représenter une alternative adaptée. C’est ce que permet la blockchain. iExec, entreprise française fondée par deux chercheurs de l’INRIA, s’appuie justement sur cette technologie, couplée au calcul confidentiel, pour adresser les défis de l’IA. iExec offre aux acteurs du secteur une infrastructure sécurisée pour traiter des données confidentielles ou sensibles, tout en garantissant confidentialité, confiance et gouvernance.
Technologie reposant sur le hachage cryptographique, la blockchain permet d’enregistrer des transactions de manière immuable, transparente et auditable. Le calcul confidentiel, basé sur le chiffrement de la mémoire vive, permet quant à lui de traiter des données de manière totalement confidentielle. « Appliquée au secteur de l’IA, la combinaison de ces deux technologies crée un environnement de confiance adressant à la fois les enjeux des détenteurs de données et des fournisseurs de modèles », explique Francis Otshudi, Directeur du marché Entreprises.
Préserver la confidentialité et la gouvernance des données analysées
Grâce à son infrastructure, iExec permet aux entreprises détentrices de données de bénéficier de l’inférence de l’intelligence artificielle tout en conservant la gouvernance et la confidentialité des données partagées. La blockchain, via le smart contract déployé, va établir les règles d’utilisation de ces données et garantir aux entreprises qu’elles conservent le contrôle de ces dernières. En choisissant, par exemple, qui peut accéder aux données ou encore sous quelles conditions. A ce contrôle s’ajoute le maintien de la confidentialité et de la propriété des données. C’est là qu’intervient le calcul confidentiel. Les données sont encryptées et restent protégées durant l’intégralité du traitement. Personne ne peut accéder à ces données, empêchant par ailleurs toutes altérations ou copies.
« Un établissement de santé peut mettre à disposition ses données patients, confidentielles, pour entraîner un modèle d’IA sans jamais perdre la propriété des données, ni que celles-ci soient révélées, détaille Francis Otshudi. Seuls les résultats de l’analyse demandée seront accessibles en clair au détenteur du modèle ». L’assurance que les données restent protégées ouvre la voie à de nouvelles opportunités commerciales pour les entreprises. Celles-ci peuvent en effet monétiser l’utilisation de leurs données auprès des fournisseurs de solutions et de modèles.
En levant les réticences à traiter des données sensibles, blockchain et calcul confidentiel permettent par ailleurs aux entreprises d’exploiter au maximum le potentiel de leurs données. Ces deux technologies permettent par exemple d’intégrer des modèles d’IA externes en toute confiance. Et les perspectives sont grandes. La Commission Européen estime qu’à ce jour, plus de 80 % des données industrielles restent inexploitées.
Monétiser les modèles tout en en conservant la propriété
L’alliance de la blockchain et du calcul confidentiel bénéficie aussi aux fournisseurs de solutions. Comme les données à traiter, le modèle va lui-aussi être encrypté pour garantir sa confidentialité totale. Des règles d’utilisation vont en outre être établies par le fournisseur pour certifier qu’il conserve la pleine gouvernance de son modèle. « iExec élargit les perspectives des fournisseurs d’IA en leur permettant de monétiser le seul usage de leur modèle, via un système de location ou une rétribution à l’utilisation. Ceci, sans en perdre la propriété ni que l’acheteur n’accède au modèle en clair », explique le Directeur du Marché Entreprises.
Enfin, la blockchain aide les acteurs de l’IA dans leurs efforts d’explicabilité des modèles. Pouvoir retracer les étapes qui ont conduit un algorithme à prendre une décision ou montrer à partir de quels éléments les résultats ont été obtenus représentent des enjeux importants pour assurer la confiance. Sur la blockchain, les preuves d’accès et de traitement des données sont enregistrées de manière transparente et infalsifiable. Garantissant que c’est bien le traitement demandé qui a été exécuté, ou encore que le modèle n’a pas été manipulé par un tiers.
Exemple d’usage dans la data science
iExec a notamment accompagné la startup KnowledgeX dans le déploiement d’une place de marché mettant en relation des entreprises ayant besoin d’une expertise externe de data analyse et des data scientists freelance. L’infrastructure d’iExec permet aux entreprises de bénéficier de l’expertise des data scientists, sans que leurs données soient accessibles. Comment ? L’entreprise cliente s’assure que le data scientist retenu et son modèle répondent à ses besoins en consultant un échantillon de données représentatif du modèle, non sensible. Une fois que les deux parties ont contractualisé, l’infrastructure d’iExec chiffre l’intégralité des éléments, à la fois les données de l’entreprise et le modèle du data scientist. Grâce à la blockchain, chacune des parties établit par ailleurs les règles de gouvernance qu’elle souhaite définir en termes de droits d’accès.
« La capacité à pouvoir partager et exploiter les volumes de données générées dans l’industrie, l’IoT, la santé, le marketing… représente un vrai potentiel économique. En permettant de monétiser l’usage des modèles et des données sans en perdre la propriété, notre ambition est de développer un cercle vertueux où chaque acteur peut bénéficier des ressources de l’ensemble de son écosystème en toute confiance », conclut Francis Otshudi.
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