Au-delà de l’aspect ludique ou créatif, l’IA générative représente un potentiel énorme pour les entreprises, qui peuvent en tirer des bénéfices en termes de productivité, d’innovation et de compétitivité. Une étude récente du Boston Consulting Group (BCG) et de sa division Tech, BCG X, montre que 90 % des leaders attendent encore qu’elle dépasse le battage médiatique pour se l’approprier ou se contentent d’expérimentations limitées. Pourtant, les entreprises qui ont adopté l’IA générative de manière stratégique et responsable ont déjà un avantage concurrentiel sur le marché.
Le rapport “BCG AI Radar: From Potential to Profit with GenAI” rapporte la vision, les pratiques et les attentes de cadres supérieurs de 50 marchés et 14 secteurs vis-à-vis de l’IA générative.
L’IA et la GenAI, des priorités stratégiques
Selon l’enquête du BCG, 89 % des dirigeants considèrent l’IA et la GenAI parmi leurs trois principales priorités technologiques pour 2024. Si 71 % des personnes interrogées prévoient d’augmenter leurs investissements technologiques en 2024 contre 60 % l’an passé, elles sont encore plus nombreuses (85 %) à envisager d’augmenter leurs dépenses en IA et GenAI cette année.
Interrogés sur leurs attentes, 54 % des dirigeants déclarent que l’IA leur permettra de réaliser des économies en 2024. Parmi ceux-ci, environ la moitié prévoient des économies de coûts supérieures à 10 %, principalement grâce à des gains de productivité dans les opérations, le service à la clientèle et l’informatique.
Hans Vestberg, PDG de Verizon, partage son expérience :
“À chaque étape du parcours de l’IA, nous sommes devenus de plus en plus efficaces. La différence avec GenAI est que le niveau d’efficacité est beaucoup plus élevé. Nous constatons une augmentation substantielle de l’efficacité, plus que dans toutes les autres étapes que nous avons prises au cours des dix dernières années. Au fil du temps, cela aura un impact énorme”.
Des défis à surmonter
Malgré une prévision en hausse des investissements, 66 % des dirigeants se disent ambivalents ou insatisfaits de leurs progrès en matière d’IA et de GenAI. Ils identifient comme défis majeurs :
- la pénurie de talents (62 %) ;
- des priorités d’investissement floues (47 %) ;
- l’absence d’une stratégie pour une IA responsable (42 %).
En effet, seulement 6 % des entreprises ont formé plus de 25 % de leur personnel aux outils GenAI et 45 % des dirigeants déclarent qu’ils n’ont pas encore de directives ou de restrictions sur l’utilisation de l’IA et de la GenAI au travail.
Deux tiers des leaders sondés estiment qu’il faudra au moins deux ans avant que l’IA et la GenAI dépassent le stade du battage médiatique. De plus, 71 % se focalisent sur la mise en œuvre d’expérimentations restreintes et de projets pilotes à petite échelle. Près de 90 % des dirigeants font ainsi partie de l’une de ces deux catégories, adoptant une position d’observateur.
Les caractéristiques des gagnants
Selon l’analyse des experts du BCG, un faible pourcentage d’entreprises se prépare à réussir avec l’IA, tandis que d’autres prennent dangereusement du retard.
Cinq caractéristiques distinguent les gagnants des observateurs : l’investissement dans la productivité et la croissance du chiffre d’affaires, la montée en compétences systématique, la vigilance sur le coût d’utilisation de l’IA, la mise en place de relations stratégiques et la mise en œuvre des principes de l’IA responsable.
Compétences et formation
Les entreprises gagnantes se démarquent en investissant dans la formation de leurs équipes. Selon l’étude DAI 2023 du BCG, les grandes entreprises ont trois fois plus d’employés formés à l’IA que les autres. Ce qui souligne l’importance de la requalification, près de la moitié de la main-d’œuvre des grandes entreprises devant être requalifiée dans la GenAI au cours des trois prochaines années.
Gestion des coûts
Alors que l’accessibilité de GenAI s’élargit, seulement 19 % des dirigeants considèrent actuellement le coût comme leur principale préoccupation lors du choix d’une solution d’IA/GenAI. Cependant, la gestion proactive des coûts d’utilisation est essentielle pour éviter des surprises coûteuses au fur et à mesure que la technologie se répand.
Relations stratégiques et responsabilité de l’IA
Les gagnants établissent des partenariats stratégiques et intègrent les principes de l’IA responsable (RAI). Les dirigeants qui participent à des initiatives RAI réalisent 58 % de bénéfices commerciaux en plus. Seuls 3 % considèrent les partenariats préexistants comme une priorité, tandis que les gagnants construisent activement un écosystème de partenariat avec divers acteurs.
Les recommandations du BCG
L’étude du BCG identifie trois axes de valeur principaux pour les entreprises adoptant l’IA générative, qui permettront non seulement d’augmenter la productivité, d’améliorer l’efficience et l’efficacité, mais aussi de créer un avantage concurrentiel à long terme. Elle recommande de :
- Déployer l’IA générative dans les tâches quotidiennes pour réaliser un potentiel de productivité de 10 à 20 %. L’IA générative peut automatiser ou assister des tâches répétitives, chronophages ou fastidieuses, comme la rédaction de rapports, la génération de code, la création de visuels ou la traduction de langues. Le BCG conseille aux entreprises de sélectionner et tester les outils GenAI, d’offrir une mise à niveau massive des compétences, de déployer des solutions pour soutenir les travailleurs dans leurs tâches quotidiennes et évaluer soigneusement les coûts de déploiement ;
- Remodeler les fonctions critiques pour une amélioration de 30 à 50 % de l’efficacité et de l’efficience. L’IA générative peut transformer en profondeur les processus et les métiers clés de l’entreprise, en apportant de nouvelles capacités, de nouvelles sources de données ou de nouvelles façons de travailler. Pour le BCG, les entreprises doivent réaffecter les budgets et guider une série de projets pilotes capables d’évoluer de manière fiable ;
- Inventer de nouveaux modèles d’affaires GenAI pour construire un avantage concurrentiel à long terme. L’IA générative peut être à l’origine de ruptures stratégiques, en créant de nouveaux produits, services, expériences ou marchés. Le BCG recommande de développer une approche solide centrée sur le client et de tirer parti des données first-party et de la propriété intellectuelle pour créer des interactions que les clients ne trouvent nulle part ailleurs.