La Screen Actors Guild and American Federation of Television and Radio Artists ne représente pas seulement les acteurs du cinéma et de la télévision : elle défend également les acteurs anonymes, voix-off ou cascadeurs, de l’industrie des jeux vidéo. Alors que les négociations avec les entreprises du secteur s’enlisent depuis un an, elle leur demande de voter en faveur d’une prochaine grève.
En juillet dernier, à la suite de l’échec des négociations de la SAG-AFTRA avec l’AMPTP, Alliance des producteurs de cinéma et de télévision représentant les studios et plateformes de streaming, les acteurs américains rejoignaient la grève des scénaristes débutée le 2 mai dernier. Ce qui a entraîné l’arrêt de la production d’émissions de télévision ou de nouveaux films.
L’accord sur les médias interactifs (jeux vidéo) est un contrat distinct des contrats de télévision, de cinéma et de diffusion en continu contre lesquels ils font actuellement grève.
Il couvre tous les artistes participant à une émission interactive ou à un jeu vidéo : les artistes hors caméra (voix off), les artistes devant la caméra (capture de mouvement, cascades), les coordonnateurs de cascades, les chanteurs, les danseurs, les marionnettistes et les artistes d’arrière-plan.
Cela fait près d’un an que l’accord a été prolongé au-delà de la date d’expiration initiale. La SAG-AFTRA a envoyé un vote d’autorisation de grève à ses membres, ce qui lui donnera la possibilité de déclarer une grève en cas d’échec des négociations qui reprendront le 26 septembre prochain avec les entreprises de jeux vidéo signataires, parmi lesquelles Activision Productions Inc., Disney Character Voices Inc., Electronic Arts Productions Inc., Epic Games, Inc ou WB Games.
L’actrice Fran Drescher, Présidente de SAG-AFTRA, déclare :
“C’est reparti! Maintenant, notre accord interactif (jeu vidéo) est également dans une impasse. Une fois de plus, nous sommes confrontés à la cupidité et au manque de respect des employeurs. Une fois de plus, l’intelligence artificielle met nos membres en danger de réduire leurs possibilités de travailler. Et une fois de plus, SAG-AFTRA résiste à la tyrannie au nom de ses membres”.
L’essor de l’IA, une menace pour les acteurs du jeu vidéo
La SAG-AFPA réclame une augmentation salariale rétroactive de 11%, 4% d’augmentation les années suivantes afin de suivre l’inflation, la présence d’un médecin sur un plateau lors de cascades dangereuses, tout comme sur un plateau de cinéma ou de télévision, et des protections contre l’utilisation abusive de l’IA pour remplacer les acteurs.
Les travaux dans le cadre de l’accord sur les médias interactifs portent en grande partie sur la capture de performance ou capture de mouvement (motion capture), une technique utilisée pour donner un mouvement expressif aux personnages de jeux vidéo. L’utilisation non réglementée de l’IA constitue une menace importante pour les cascadeurs.
Duncan Crabtree-Ireland, Directeur exécutif national et négociateur en chef de SAG-AFTRA, affirme :
“Les artistes de capture de voix et de performance qui donnent vie aux personnages de jeux vidéo méritent un contrat qui reflète la valeur qu’ils apportent à l’industrie du jeu de plusieurs milliards de dollars. L’IA de capture de la voix et de la performance fait déjà partie des utilisations les plus avancées de l’IA : la menace est là et elle est réelle. Sans protection contractuelle, les employeurs demandent aux artistes interprètes ou exécutants de participer sans le savoir à l’extinction de leur art et de leurs moyens de subsistance”.
Les membres de SAG-AFTRA recevront des informations sur le vote par courrier et auront la possibilité de voter jusqu’au 25 septembre 2023. Si 75% d’entre eux se déclarent en faveur de la grève, le syndicat aura les moyens de faire pression sur les entreprises de jeu vidéo.