Dans une analyse publiée dans The Lancet Digital Health, des experts affirment qu’en ce qui concerne l’efficacité médicale “le vrai potentiel de l’intelligence artificielle reste incertain”. Il serait “encore trop tôt pour se prononcer sur l’IA”.
L’étude, publiée ce jour et dirigée par Alastair Denniston, consultant à l’University Hospitals de Birmingham, explique que si l’intelligence artificielle ne semble en effet pas faire moins bien que les humains, les experts manquent de données précises et de qualité pour affirmer que cette technologie ait réellement efficace en terme de diagnostics posés à partir d’images médicales. Les experts à l’origine de l’analyse parue dans The Lancet Digital Health et intitulée A comparison of deep learning performance against health-care professionals in detecting diseases from medical imaging: a systematic review and meta-analysis expliquent :
“L’intelligence artificielle semble détecter les maladies à partir de l’imagerie médicale avec les mêmes niveaux de pertinence que les professionnels de santé” mais “au vu du faible nombre d’études de bonne qualité disponibles, le vrai potentiel de l’IA reste incertain”.
Ils indiquent également que moins de 1% des 20.000 publications sur le sujet qu’ils ont examinées avaient suivi une méthodologie de qualité et/ou avaient fait confirmer leurs résultats par des experts indépendants. Un chiffre qui semble très faible et auquel les chercheurs ajoutent que sur ces publications, 25 seulement avaient auparavant demandé une validation de leur algorithme pour le confronter à des images médicales d’un autre échantillon de population. Par ailleurs, 14 seulement avaient comparé les résultats obtenus par les modèles d’IA et de véritables médecins sur les mêmes cas et patients.
Alastair Denniston, consultant à l’University Hospitals de Birmingham et directeur de l’étude, a précisé :
“Parmi les quelques études de bonne qualité, nous avons établi que le deep Learning pouvait effectivement détecter des maladies allant de cancers à des pathologies ophtalmiques avec autant d’exactitude que des professionnels de santé”.
De son côté, Tessa Cook, professeure assistante de radiologie à l’université de Pennsylvanie, a indiqué via un commentaire indépendant sur l’étude :
“On peut peut-être conclure que, d’après le maigre corpus disponible de travaux comparant l’IA aux médecins, l’IA ne fait pas moins bien que les humains. Mais les données sont limitées et il est encore trop tôt pour le dire.” Avant de rappeler que les données auxquelles ont accès les médecins sont “brouillonnes, difficiles à cerner et imparfaites” et qu’une comparaison serait donc assez hasardeuse.