Le comptoir mm de la nouvelle entreprise, en partenariat avec The Boston Consulting Group, et avec le soutien du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et de l’Observatoire Social International (OSI) propose une étude détaillée des défis que représente l’intelligence artificielle dans l’entreprise. Car, comme l’indique Malakoff Médéric sur son site, “aujourd’hui, l’intelligence artificielle (IA) n’est plus un scénario de science-fiction, elle est bien réelle. Mais si les prouesses de Siri, l’assistant personnel de Apple ou de Google Home, l’enceinte intelligente de Google, sont facilement adoptées, l’essor de l’IA dans le monde de l’entreprise fait débat. Automatisation des tâches ou risque de déshumanisation, amélioration des compétences ou destruction d’emplois, comment les salariés, les managers et les dirigeants appréhendent cette 4ème révolution, ‘artificielle’ cette fois-ci ? Quel rôle doivent jouer les DRH pour aider les entreprises à prendre le tournant de l’IA ?”. (CP)
Le comptoir mm de la nouvelle entreprise, en partenariat avec The Boston Consulting Group, s’est immergé au cœur de ce sujet sensible. Menée auprès de plus de 1700 personnes – dirigeants de grandes entreprises, managers et salariés mais aussi experts, institutionnels et représentants des organisations syndicales et patronales – l’étude “ Intelligence Artificielle et Capital Humain : quels défis pour les entreprises ?” permet d’anticiper sur les bonnes pratiques RH à adopter et prépare les collaborateurs au déploiement de l’IA dans les entreprises.
IA, un débat sociétal que l’on retrouve dans l’entreprise
Le débat public met en scène une opposition bien tranchée entre des progressistes, qui voient dans l’IA la dernière grande révolution de l’humanité et de l’autre, le camp des Cassandre, qui redoute le scénario catastrophe d’une lutte entre humains et robots. Au sein de l’entreprise, on retrouve également une divergence de point de vue avec des dirigeants et des managers plus favorables au développement de l’IA que des salariés, qui ont du mal à se prononcer : 70% des managers et des dirigeants se disent prêts à travailler avec une IA, contre 44% des salariés.
La majorité des dirigeants considère l’IA comme une véritable business value. Elle devrait permettre d’améliorer les performances de l’entreprise (75%). Ils jugent également qu’elle devrait générer des bénéfices pour les collaborateurs, tels que la réduction des risques d’erreur (83%), leur montée en compétences (77%) ou encore la diminution des tâches dangereuses (62%).
Plus de 65% des managers partagent cet enthousiasme. En revanche, les salariés sont plus en retrait : seulement 41% d’entre eux considèrent positivement l’intelligence artificielle pour eux-mêmes et 1/3 sur leur travail.
Une IA qui présente des risques
L’IA ne dort pas, ne tombe jamais malade, n’a pas de vie privée, et peut calculer un volume de données impressionnant. Un avantage compétitif qui fait peser des risques spécifiques dans le monde de l’entreprise.
Le premier risque concerne l’impact de l’IA sur l’emploi.
Ce n’est pas tant la disparition du travail qui est au centre des préoccupations que sa dégradation. 39% des dirigeants, 28% des managers et 34% des salariés pensent que le développement de l’IA va nuire aux conditions de travail. Une grande majorité des salariés et des dirigeants (respectivement 56% et 57% d’entre eux) craignent une déshumanisation du travail et une perte du lien social. Là encore, difficile de faire abstraction de l’image du robot tout-puissant qui pourrait dominer l’Homme. La crainte d’une hausse du reporting et du contrôle atteint la première place du podium pour 70% des managers, et 64% d’entre eux ajoutent à cela les questions éthiques (protection des données personnelles, respect de la vie privée…).
Le deuxième risque pèse sur la qualité de vie au travail.
Les avis sont plus partagés. Si la plupart des dirigeants et des managers prévoient des retombées positives de l’IA (respectivement 67% et 70% d’entre eux), notamment grâce aux objets connectés, ils sont plus de 60% à craindre l’apparition de nouveaux risques psychologiques. Cette crainte est partagée chez les salariés. Seuls 4 sur 10 s’attendent à un impact positif, et 1 salarié sur 2 redoute ces nouveaux risques psychologiques.
L’IA encore un OVNI
Mais si ces craintes reposent sur de vrais défis à relever, elles s’expliquent aussi et surtout par un manque d’informations. “Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde” disait Camus. Et c’est ce qui se passe avec l’IA. L’étude relève un hiatus entre l’existence de l’IA et sa nature. 75% des dirigeants et 8 salariés sur 10 connaissent l’IA mais ils n’en n’ont pas une connaissance précise : 41% des salariés ne savent pas si leur entreprise envisage d’utiliser l’IA dans les 5 ans qui viennent. Et ce n’est pas étonnant lorsque seulement 20% des dirigeants déclarent faire à l’heure actuelle de l’IA une priorité stratégique. Ce chiffre augmente à un horizon de 5 ans, avec de fortes disparités : 53% pour les entreprises de plus de 250 salariés, 32% pour les autres, la prise de conscience étant nettement plus faible dans les PME.
Les DRH, acteurs d’une pédagogie éclairée de l’IA
Quelles que soient les évolutions qui seront engendrées par l’Intelligence Artificielle, le besoin d’information et de formation est bien réel et le rôle joué par les directions des Ressources Humaines (DRH) sera fondamental.
Or, aujourd’hui, dans la majorité des organisations interrogées, les DRH ne sont pas encore parties prenantes de la réflexion sur l’IA. Pourtant, les collaborateurs manifestent un réel besoin d’accompagnement. 36 % des dirigeants pensent qu’il faut former culturellement les collaborateurs à travailler avec des solutions d’IA. Car c’est en démocratisant l’IA au sein de l’entreprise que les craintes vont diminuer. L’étude relève que les salariés qui bénéficient d’un bon accompagnement par l’entreprise ont à 89% une perception positive.
Les DRH sont donc appelés à être à la manœuvre pour diffuser une culture de la donnée, développer une politique d’apprentissage de ces nouveaux outils intelligents et surtout à “repenser l’organisation du travail, la répartition des tâches entre humains et IA”, défi n°1 pour 56% des dirigeants.
“La parole des salariés doit être libérée et entendue sur l’ensemble des dimensions que soulève l’adoption de l’IA” comme l’explique l’un des partenaires sociaux interrogés.
L’étude recommande en effet l’émergence nécessaire de ressources humaines intelligentes, c’est-à-dire conscientes des enjeux posés par le déploiement de l’IA et capables de nourrir un dialogue ouvert sur les conditions de déploiement de l’IA au sein des organisations.
Vers un DRH « augmenté » pour plus de capital humain
Et qui de mieux placé pour montrer l’exemple que la fonction Ressources humaines elle-même ? En effet, l’étude souligne que l’IA pourrait permettre à la DRH de se libérer de tâches répétitives et chronophages pour se concentrer sur son cœur de métier : la gestion des talents, l’accompagnement des équipes. La montée en puissance de l’IA dans les entreprises ne s’inscrit donc pas dans une logique de remplacement de l’homme par la machine mais, au contraire, de valorisation des qualités spécifiquement humaines.
Encore émergente dans le monde professionnel, l’IA pourrait très vite changer la donne pour les entreprises qui auront su placer le capital humain au cœur de leurs actions. Dirigeants, managers, ou salariés : leur perception est aujourd’hui parfois divergente. Le rôle des DRH sera de favoriser leur rassemblement autour d’une vision commune porteuse de sens.
Pour aller plus loin découvrez ci-dessous l’émission des comptoirs mm sur le sujet “IA : où en sont les entreprises en 2018 ?”