Identifier plus rapidement les annonces illégales sur Internet et assurer le suivi nécessaire est l’un des quatre projets pilotes attribués au FARI par Bernard Clerfayt, Ministre de la transition numérique belge. Cet institut bruxellois, fondé par la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et de l’Université libre de Bruxelles (ULB) en 2021 dans le cadre du plan de relance de la communauté européenne, a donc mis en œuvre le projet « Animal Wellfare », qui vise à permettre à la ville de Bruxelles de sévir contre les annonces de vente illégale d’animaux, l’utilisation abusive des licences commerciales d’animaux ou d’autres activités illégales.
FARI, « l’institut d’IA pour le bien commun », rassemble plus de 300 chercheurs en IA et disciplines associées, autour de projets pouvant bénéficier à l’intérêt général. Il promeut la recherche sur une intelligence artificielle digne de confiance, transparente et explicable et a pour objectif d’aider la Région de Bruxelles-Capitale et ses habitants à relever des défis auxquels ils sont confrontés dans divers domaines.
Bernard Clerfayt déclare :
« Il faut que la Région s’approprie l’intelligence artificielle si elle veut profiter de cette technologie au bénéfice de ses citoyens. D’une part, les administrations publiques vont pouvoir s’appuyer sur les connaissances scientifiques et technologiques de nos chercheurs reconnus. D’autre part, ces derniers pourront déployer tout le potentiel de leurs recherches pour améliorer nos services publics ».
Le commerce illégal des animaux de compagnie
Le trafic d’animaux est le troisième trafic au monde, après le trafic d’armes et le trafic de drogue. Les chiens et les chats sont les animaux de compagnie les plus populaires dans l’UE, on en dénombre ainsi plus de 20 millions en France. Les éleveurs ne pouvant satisfaire la demande, on les trouve dans des animaleries qui les importe principalement des pays de l’est. Les chiots et chatons sont arrachés trop tôt à leurs mères, voyagent dans des conditions déplorables, sans boire ni manger, on estime que 100 000 d’entre eux arriveraient ainsi en France chaque année illégalement, « munis » de faux papiers.
Par ailleurs, on trouve sur Internet, notamment Facebook, Leboncoin… de nombreuses annonces de vente d’animaux qu’ils s’agissent de chiens, de chats ou de NAC. FARI rapporte que, selon Four Paws International (une organisation mondiale de protection des animaux), le commerce en ligne européen de chiots représente près de 1,5 milliard d’euros par an et près de 2,4 millions de chiens seraient échangés chaque année sur les principaux sites européens de petites annonces qui font de la publicité pour les chiens, chiffre qui a nettement augmenté durant la pandémie.
Identifier les annonces illégales en Belgique grâce à l’IA
Depuis le 16 février 2015, l’animal est considéré dans le Code civil français comme un « être vivant doué de sensibilité » et non plus comme un « bien meuble », le Parlement bruxellois, le 13 novembre 2018 lui a également reconnu ce statut. Son commerce est soumis à diverses réglementations au sein de l’UE.
Parmi les annonces de vente d’animaux, la plupart proviennent de commerçants malhonnêtes qui ne se soucient pas des réglementations pertinentes. D’autres émanent de particuliers, désirant vendre la portée de leur chatte ou de leur chienne, les ignorant.
Le projet a été mené par le groupe ULB Iridia du Prof. Hugues Bersini, le laboratoire d’IA d’Ann Nowé de la VUB a supervisé les différents modèles d’IA appliqués. Il repose sur une conception d’algorithmes et de logiciels permettant de détecter automatiquement les annonces de vente d’animaux en ligne sur différents sites Web. Basée sur la législation sur le bien-être animal, la technologie classe si elle suit les règles ou non en quelques secondes, les annonces illégales pouvant ainsi être suivies avant que des animaux ne soient vendus.
Hans De Canck, co-responsable de FARI en tant que co-directeur de la VUB, explique :
« Les sites font de la publicité pour les animaux sans les documents de vaccination nécessaires ou d’autres références. Derrière beaucoup de ces publicités, parfois avec de jolies photos d’animaux, il y a des pratiques commerciales illégales ou du moins douteuses. Maintenant, il s’avère qu’avec les bons modèles d’IA, vous pouvez repérer relativement efficacement le trafic illégal d’animaux dans la mer de publicités. Cela se fait à l’aide de l’analyse d’images et de texte et de la reconnaissance de formes. »
Il ajoute :
« Parfois, les gens font de la publicité de bonne foi sur la portée de chiots que leur chien a eu et veulent les placer avec des personnes qui veulent un animal de compagnie. Nos modèles d’IA les sélectionnent également. L’administration peut être en mesure d’intervenir et de montrer aux gens ce qu’ils font de mal. Un effet secondaire est que l’administration dispose maintenant de preuves factuelles pour mettre de l’ordre sur les plates-formes sur lesquelles les publicités apparaissent. »
Depuis janvier dernier, 33 500 publicités ont été projetées et les chercheurs en examinent actuellement environ 200 chaque jour. Légalement, aucune de ces publicités n’a été complètement acceptable. Certains vendeurs utilisent ainsi de faux numéros de licence ou une licence qui n’est pas la leur. Les chercheurs ont même constaté que plusieurs affichent des publicités de produits ménagers alors qu’ils vendent en fait des animaux.
Plus de 8 000 publicités concernaient des chiens, plus de 6 000 des oiseaux et près de 4 000 des chats. Des poissons (environ 3 200), des moutons et des porcs (plus de 2 500), des rongeurs (2 300), des chevaux (2 000), des reptiles (près de 2 000) et des lapins (1 800) ont également été offerts à la vente.
Quatre pour cent des annonces provenaient d’éleveurs et la valeur totale des annonces est estimée à près de 8 millions d’euros. La moitié venaient de Flandre, 40% de Wallonie et 10% de Bruxelles.