La médecine personnalisée, ou médecine de précision, vise à améliorer la prévention ou l’évolution clinique d’une maladie, en proposant au patient un traitement qui lui est adapté. Le projet “Oncologie haute définition dans le cancer féminin” impliquant douze centres de recherche espagnols, s’est donné pour objectif de créer des jumeaux numériques de femmes atteintes du cancer du sein afin de prédire comment celles-ci réagiront à différents traitements.
Ce projet est dirigé par le CNIO (Centro Nacional de Investigaciones Oncológicas) et a été sélectionné dans le cadre de “l’appel à projets de recherche de médecine personnalisée de précision 2022 (PMP22)”, de l’Institut de santé Carlos III (ISCIII). Il est financé à hauteur de 2,5 millions d’euros pour les 3 prochaines années par la facilité pour la reprise et la résilience (MRR) des fonds NextGenerationEU.
La génomique joue un rôle central dans la lutte contre le cancer en offrant une vision approfondie des mécanismes moléculaires sous-jacents à la maladie. Cette connaissance continue de stimuler le développement de thérapies plus précises et personnalisées, ouvrant ainsi la voie à des progrès significatifs dans le traitement du cancer.
Cependant, les raisons pour lesquelles un patient ne réagit pas de la même manière qu’un autre à un traitement précis restent inexpliquées, le but de ce projet est de les appréhender.
Les Patient-Digital Twins
Pour mieux comprendre et gérer le processus oncologique des patientes atteintes de cancer du sein, les chercheurs les surveilleront à distance pour recueillir des informations sur les multiples facteurs qui pourraient influencer le développement de leur cancer et qui leur permettront de construire des jumeaux virtuels : les Patient-Digital Twins (PDT).
Pour collecter ces données, les chercheurs utiliseront des dispositifs portables, notamment des bracelets numériques qui enregistrent des paramètres physiologiques tels que le pouls, la concentration d’oxygène dans le sang ainsi que l’activité physique. Les patientes pourront indiquer leur état émotionnel et l’échelle de la douleur ressentie via une application.
Cependant, l’innovation réside dans l’intégration des données de l’empreinte numérique des patientes, qui renseignera sur leur activité sur les réseaux sociaux et leur utilisation mobile.
Les chercheurs vont également ajouter d’autres données provenant d’analyses génétiques détaillées (génomique), d’analyses des protéines (protéomique), de mesures de l’activité métabolique, d’études du microbiome et des données sur les antécédents médicaux.
Miguel A. Quintela explique :
“Jusqu’à présent, la médecine de précision prend en compte la génomique et rien d’autre. Les jumeaux numériques que nous voulons développer incluent des facteurs plus difficiles à mesurer, mais qui constituent l’ensemble du patient. Il s’agit de comprendre les patients comme un système multidimensionnel”.
Il poursuit :
“Les PDT permettront une évaluation, une gestion et une compréhension du processus oncologique de chaque personne, en utilisant des mesures détaillées des déterminants de la réponse. On espère, par exemple, détecter les écarts précoces par rapport aux trajectoires positives de la maladie et promouvoir des interventions précises et ajustées”.
Pour l’instant, les chercheurs ont recruté 17 patientes, mais ils se sont donnés pour objectif de créer environ 300 jumeaux numériques de patientes atteintes d’un cancer du sein d’ici la fin de 2024.
Dirigé par le CNIO, le projet implique l’Hôpital La Princesa, l’Hôpital de Fuenlabrada, l’Hôpital clinique de Valence, l’Hospital Son Espases, Bellvitge ICO, le Complexe hospitalier de Navarre, l’Hôpital de la Virgen de la Macarena, l’Hôpital San Pedro de Cáceres, le Complexe hospitalier A Coruña, l’Université Carlos III et l’Université Polytechnique de Madrid.
Références de l’article : CNIO