Le 7 mars dernier, le Hub France IA organisait son évènement de rentrée, Hub France IA Restart en partenariat avec Scaleway, l’ESSEC Metalab et Hymaïa dans les locaux du Groupe Iliad. Ce fut l’occasion pour l’association de remettre son rapport “40 mesures pour faire de la France et de l’Europe des leaders de l’IA Générative d’ici 5 ans” à Marina Ferrari, Secrétaire d’État chargée du Numérique depuis le 8 février dernier et de revenir sur sa feuille de route stratégique. .
Association à but non lucratif, le Hub France IA, créé en 2017, fédère aujourd’hui près de 170 membres et partenaires (startups, grands groupes, institutions porteuses de projets d’IA) de l’écosystème français et européen afin de faire émerger une IA de confiance et souveraine, respectueuse des citoyens, au service des entreprises et du secteur public. Rim Tehraoui en assure la présidence depuis début 2024, succédant à Antoine Couret.
Après avoir publié une note de synthèse en mai 2023 sur les usages et les impacts de ChatGPT et de la GenAI, il fournit dans ce rapport 40 propositions pour faire de la France et l’Europe des leaders de la GenAI dans le respect des valeurs européennes.
Il identifie quatre objectifs principaux à tenir :
• Développer une approche holistique, respectueuse de l’environnement et des règles éthiques européennes, rassemblant fournisseurs, consommateurs publics et privés ;
• Anticiper les évolutions de l’IA en structurant le marché de l’accès aux données d’entraînement et l’architecture des supercalculateurs européens autour des prochaines ruptures ;
• Garantir un environnement qui permette l’émergence d’un marché réellement concurrentiel tout en préservant le marché des médias et de la culture ;
• Apporter le soutien nécessaire à la montée en compétence mais également à la gestion des risques et la mise en œuvre des réglementations.
Le rapport du Hub France IA
Le rapport dresse tout d’abord un état des lieux du marché de la GenAI en France et en Europe qui connait une adoption rapide, tant dans le secteur professionnel que dans la sphère personnelle. Les entreprises, de toutes tailles, montrent un intérêt croissant pour les technologies basées sur la GenAI, notamment pour des projets visant à améliorer l’efficacité opérationnelle.
Cependant, cette adoption rapide s’accompagne de risques significatifs, tels que la mauvaise utilisation des technologies, les problèmes liés à la propriété intellectuelle et à la protection des données, ainsi que la fracture numérique entre ceux qui maîtrisent ces technologies et ceux qui en ont peur ou nécessitent une formation. En outre, la plupart des entreprises qui cherchent à exploiter des modèles d’IA générative se tournent actuellement vers des solutions américaines. Deux raisons principales expliquent ce choix : une expérience utilisateur extrêmement fluide grâce à des offres clés en main et des API prêtes à l’emploi et une tarification très compétitive.
En Europe, malgré un potentiel de développement important, l’offre dans le domaine de lla GenAI peine à décoller. Seules 10,6% des start-ups européennes se spécialisent dans ce domaine, avec une part plus élevée de 17,5% pour les start-ups françaises selon une étude publiée en janvier dernier à laquelle France Hub IA a collaboré. Ces entreprises rencontrent divers obstacles qui entravent leur croissance notamment une faiblesse des financements européens comparativement aux États-Unis et à la Chine ainsi que la complexité de la réglementation européenne et les craintes qu’elle suscite.
Les auteurs du rapport écrivent :
“Qu’il s’agisse de l’AI Act, du RGPD ou des législations protégeant les droits d’auteur ou les citoyens contre les risques de manipulation, de nombreuses préoccupations émergent face au potentiel de violation par inadvertance, de charges de preuve déraisonnables, du poids et du coût de mise en conformité pour de petites entreprises, ou encore l’effet paralysant de la protection des données sur les clients potentiels”.
Les autres défis pour les start-ups soulevés sont le coût d’accès aux puissances de calcul ainsi que l’accès et la collecte de données de qualité.
Comment faire de la France et l’Europe des leaders de l’ia générative ?
Pour France Hub IA, il faut absolument favoriser la souveraineté et l’excellence.
Actuellement, les acteurs européens sont limités dans leurs choix en raison du quasi-monopole de quelques grands acteurs tout au long de la chaîne de valeur de l’IAG
Pour garantir la souveraineté, il est crucial de permettre un choix diversifié en termes de solutions logicielles, d’architectures et de processeurs graphiques (GPU). Une stratégie industrielle globale est nécessaire pour fournir les outils nécessaires à chaque étape du déploiement de la GenAI, à un coût maîtrisé et avec une empreinte environnementale minimale.
Cette stratégie doit être européenne dès sa conception et impliquer un investissement massif de plusieurs dizaines de milliards d’euros, soutenu par des secteurs publics et privés. Elle devrait également inclure des investissements en achats publics et privés d’une valeur au moins équivalente.
Il est également impératif de :
- Stimuler et soutenir la croissance de l’écosystème ;
- Faciliter l’accès aux données dans un cadre de confiance ;
- Accompagner les entreprises dans la gestion des risques et la régulation ;
- Piloter et optimiser l’empreinte environnementale ;
- Accélérer la montée en compétence pour favoriser l’adoption.
Les 40 recommandations proposées dans le rapport pour y parvenir sont à retrouver ici