S'il est une entreprise qui occupe le devant de la scène médiatique durant cette Semaine pour l'Action sur l'IA, il s'agit sans conteste de Mistral AI. La licorne avait déjà fait fort avec l'annonce d'un partenariat avec France Travail le 4 février dernier, d'un autre avec Stellantis le lendemain. Elle a ensuite abordé la semaine dédiée à l'IA avec le partenariat de Free, l'annonce de la création de son propre datacenter avant-hier et celle hier d'un partenariat avec Helsing, axé sur l'IA de défense. 

Fondée en 2021 par Torsten Reil, Gundbert Scherf et Niklas Köhler en Allemagne, également présente en France et au Royaume-Uni, Helsing est une licorne européenne spécialisée dans les technologies de défense basées sur l'IA. Elle affirme placer l'éthique au cœur de leur développement et vouloir se consacrer à la défense des valeurs de démocratie et de liberté.

L'entreprise travaille en collaboration avec des gouvernements et des partenaires industriels pour améliorer les capacités des matériels existants. Elle a ainsi été sélectionnée en juin 2023 avec Saab, par le ministère allemand de la Défense pour améliorer les capacités de guerre électronique de 15 Eurofighter de la Luftwaffe.

Le projet prévoit l'installation à l'horizon 2028 de la suite de capteurs Arexis de Saab, augmentée par la solution d'IA développée par Helsing. Cette intégration permettra une analyse en temps réel des données radar collectées par les capteurs de l'avion, générant en quelques millisecondes des mesures d'autoprotection précises contre les radars adverses modernes.

En décembre 2024, Helsing a dévoilé son premier drone d'attaque, le HX-2, utilisé par l'Ukraine. Ce drone peut être produit en masse grâce à des techniques avancées de fabrication, notamment l'impression 3D, à un coût inférieur à celui des systèmes existants. Lorsqu’ils sont mis en œuvre au sein du système de reconnaissance-frappe Altra développé par Helsing, les HX-2 peuvent fonctionner en essaim autonome, contrôlé par un seul opérateur humain. Ils sont proposés aux alliés de l'OTAN comme un "bouclier anti-invasion".

Un développement conjoint axé sur les Vision-Language-Action models

Le partenariat, qui combine l’expertise d’Helsing avec celle de Mistral AI en matière de GenAI, a pour objectif de renforcer la collaboration entre l’humain et l’IA sur le champ de bataille.

Antoine Bordes, Vice-Président de l’IA chez Helsing, affirme :

"L’avenir de la défense repose sur des systèmes intégrant l’IA et travaillant en complémentarité avec l’humain dans le monde réel. La robotique et l’IA vont transformer la conduite des opérations militaires en optimisant l’efficacité, en réduisant les risques et en accélérant la prise de décision dans des environnements contestés."

Le développement conjoint reposera sur les Vision-Language-Action models (VLA), des systèmes permettant d’analyser en temps réel l’environnement opérationnel, de comprendre et d’interpréter les commandes humaines, et de générer des actions adaptées aux situations complexes. Ces modèles devraient permettre d’accélérer la prise de décision militaire, en améliorant la rapidité et la fiabilité des réponses opérationnelles.

Un enjeu de compétition mondiale

Dans un contexte de tensions internationales accrues et de complexité du contexte opérationnel militaire, ce projet entre les 2 licornes européennes pourrait offrir une alternative souveraine aux technologies américaines et chinoises.

Gundbert Scherf, cofondateur de Helsing, commente :

"L’Europe doit affirmer son rôle d’acteur géopolitique majeur. L’IA en est une pierre angulaire, et ce partenariat avec Mistral AI nous place à l’avant-garde de l’innovation militaire."

Arthur Mensch renchérit :

"L’intégration de nos modèles dans les systèmes de défense constitue une avancée majeure pour le positionnement technologique de l’Europe sur la scène internationale."