En 2018, Google lançait la Google News Initiative (GNI) dans le but de collaborer avec les éditeurs de presse et les journalistes afin de soutenir et de promouvoir un journalisme de qualité. Selon le magazine hebdomadaire américain Adweek, c’est dans le cadre de cette initiative, qu’il a lancé le mois dernier un programme privé pour quelques éditeurs indépendants, leur donnant un accès bêta à une plateforme d’IA inédite en échange de réception d’analyses et de commentaires.
En juillet dernier, le New York Times révélait avoir été approché par Google, tout comme le Washington Post et le groupe News Corp, détenteur entre autres du Wall Street Journal, qui désirait leur présenter une IA générative dédiée aux journalistes, baptisée Genesis. Suite à cette révélation, Google tweetait :
“En partenariat avec les éditeurs de presse, en particulier les plus petits, nous en sommes aux premières étapes de l’exploration d’idées visant à fournir éventuellement des outils activés par l’IA pour aider les journalistes dans leur travail. Par exemple, les outils activés par l’IA pourraient aider les journalistes à choisir des titres ou différents styles d’écriture. Notre objectif est de donner aux journalistes la possibilité d’utiliser ces technologies émergentes de manière à améliorer leur travail et leur productivité, tout comme nous rendons des outils d’assistance disponibles pour les utilisateurs de Gmail et de Google Docs. Ces outils ne sont tout simplement pas destinés à remplacer le rôle essentiel des journalistes dans la rédaction, la création et la vérification des faits de leurs articles”.
Google présentait son IA générative comme un assistant permettant aux journalistes d’automatiser des tâches récurrentes et d’obtenir rapidement des informations factuelles et récentes sur un sujet, capable d’adapter le ton des articles générés à leur style.
Un outil expérimental responsable ?
Selon Adweek, en octobre dernier, Google aurait invité les organismes de presse désirant tester ses outils d’IA générative à se manifester afin d’en sélectionner quelques uns.
Dans le cadre de ce programme privé, ceux-ci doivent utiliser ces outils bêta pour produire un volume spécifié de contenu sur une période de 12 mois, 3 articles quotidiens, une newsletter chaque semaine et une campagne marketing par mois, selon l’hebdomadaire. En contrepartie, ils sont rémunérés pour leurs analyses et commentaires tout en ayant un accès gratuit à la plateforme pour créer du contenu pertinent pour leur audience.
Dans ce but, ils dressent d’abord une liste de sites Web externes qui produisent régulièrement des actualités et des rapports pertinents pour leur lectorat. Lorsque l’un de ces sites Web indexés produit un nouvel article, celui-ci apparaît sur le tableau de bord de la plateforme. L’éditeur peut ensuite appliquer l’outil bêta pour résumer l’article, en modifiant le langage et le style du rapport, afin de le publier sous forme d’article après avoir vérifié l’exactitude des faits énoncés.
Un point essentiel, CNET a fait notamment l’expérience des hallucinations de l’IA générative : le média avait publié plusieurs articles entièrement rédigés par une IA, d’ailleurs sans en informer ses lecteurs, avant de se rendre compte qu’ils contenaient de grossières erreurs.
Il semble qu’aucune approbation du site web n’est requise et que les éditeurs n’ont pas l’obligation de spécifier que le contenu a été généré par une IA.
Google se défend dans un communiqué :
“Cette spéculation selon laquelle cet outil serait utilisé pour republier le travail d’autres médias est inexacte. L’outil expérimental est conçu de manière responsable pour aider les petits éditeurs locaux à produire un journalisme de haute qualité en utilisant du contenu factuel provenant de sources de données publiques, comme le bureau d’information publique d’un gouvernement local ou l’autorité sanitaire”.
Rappelant:
“Ces outils ne sont pas destinés à remplacer, et ne peuvent pas, remplacer le rôle essentiel des journalistes dans la couverture, la création et la vérification des faits de leurs articles”.
Malgré ces déclarations, Google qui vise à travers l’initiative GNI lutter contre la désinformation et promouvoir des sources fiables semble se contredire, comment vérifier la source réelle des articles générés dans le cadre de ce programme ? Peut-on parler alors d’un journalisme de qualité ?