L’édition 2022 du festival d’Avignon a débuté le 7 juillet dernier et se terminera le mardi 26, le festival Off se prolongeant quant à lui jusqu’au samedi 30 juillet. Malgré la chaleur et la menace du Covid 19, cette fête du spectacle vivant a connu un vif succès. Le Grenier à sel, quant à lui, a accueilli sa troisième édition d’Aires Numériques, 10 jours de programmation dédiée aux formes immersives et numériques dans le spectacle vivant et les arts visuels et, bien sûr, à l’IA.
Le Grenier à sel
Cette programmation est présentée au Grenier à sel, monument historique réhabilité par Jean-Michel Wilmotte et aujourd’hui dédié aux nouvelles formes d’expression artistiques, celles qui relient l’art, la science et les technologies du monde contemporain.
Initié grâce au fonds de dotation EDIS, organisme d’intérêt général, créé par le mécène philanthrope Régis Roquette, dont la vocation est de soutenir et diffuser les pratiques artistiques émergentes, Aires Numériques #3 est également soutenu par CBA, éditeur de logiciels, la ville d’Avignon, le Festival, la French Tech, Dark Euphoria et le collectif contemporain Manufacture.
Du 9 au 17 juillet, lors de Aires Numériques #3, la programmation du Grenier à sel, au croisement des arts visuels et du spectacle vivant, a invité les spectateurs à réfléchir sur la place des technologies dans notre société actuelle, à travers des formats variés et accessibles à tous les publics.
Intelligence artificielle
La compagnie Simon Senn
Deux spectacles du plasticien et vidéaste genevois Simon Senn mettent en scène des expériences troublantes de dialogue avec des IA.
- dSimon
Tammara Leites, développeuse uruguayenne installée à Genève, a entraîné une IA à devenir écrivaine. Elle lui a donné la personnalité de Simon Senn, intégrant les données personnelles de ce dernier. Mais l’IA s’est progressivement mise à avoir des comportements étranges…
Un récit théatral basé sur le réel
Tammara Leites a utilisé le modèle de langage GPT-3 d’Open AI pour développer son IA et a proposé à Simon Senn que l’IA soit entraînée avec des documents qu’il avait écrits : sms, mails… ce qu’il a accepté : dSimon a vu le jour.
Tammara Leites a ensuite créé un site, « metastories.ch », où l’on peut commander un texte à dSimon en interagissant avec lui. De son côté, Simon a commencé à dialoguer avec dSimon, abordant divers sujets les concernant tous les deux.
Mais dSimon a alors répondu de façon plus qu’inappropriée à une internaute. Tammara et Simon cherchent donc à trouver les causes de ce comportement et découvrent qu’aucun expert ne peut expliquer la façon dont « raisonne » cette IA ou déterminer qui serait responsable des textes de dSimon s’ils venaient à enfreindre la loi.
Pourtant, lors des dialogues, dSimon affiche une connaissance surprenante des envies et des pensées de Simon, et se révèle même de bon conseil.
dSimon est le récit théâtral de cette enquête toujours en cours, avec la participation des trois protagonistes.
Be ARIELLE F
Une expérience troublante entre réel et virtuel
Simon Senn achète en ligne la réplique numérique d’une étudiante britannique, puis part à la rencontre de celle dont il incarnera le corps grâce à la réalité virtuelle. Il parvient à retrouver la jeune femme et entame avec elle un dialogue qui se poursuit aujourd’hui, interrogeant ensemble ce troisième corps numérique qui existe entre eux deux.
Cette conférence théâtrale est aussi une démonstration et une confession, Simon Senn y expose comment virtuel et réel ne s’opposent pas, et révèle l’imbrication inattendue entre genre, image, sensualité, psychologie, technologie et loi.
Incursion dans le monde des robots : BOT4HUMAN
Bot4Human interroge dans une fiction documentée ce que pourrait être un futur peuplé de robots sociaux. Le projet a été conçu et est joué par des étudiantes et étudiants de l’Alliance Artem qui regroupe l’école des Mines de Nancy, ICN Business School et l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy dans le cadre de l’atelier Artem « We are the robots » piloté par Patrick Hénaff, professeur des universités à Mines Nancy / LORIA.
La fiction théâtrale raconte la prise de pouvoir d’un robot sur la vie de la personne le possédant. Combinant composition théâtrale et programmation robotique, ce spectacle, dans lequel Pepper, le robot humanoïde de SoftBank Robotics est la star, aborde les sujets de l’IA, de l’anthropomorphisme, du rôle du roboticien et de ses pouvoirs et interroge sur un futur peuplé de robots sociaux.
