Ce 8 mars, à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme 2022, sera organisée de 17h à 18hr une table ronde virtuelle pour explorer les opportunités et les défis uniques que l’IA présente pour la vie professionnelle des femmes. La discussion sera basée sur le nouveau rapport conjoint de l’UNESCO, de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et de la Banque interaméricaine de développement (BID), intitulé “Les effets de l’IA sur la vie professionnelle des femmes”.
À l’échelle mondiale, les études démontrent que les femmes actives sont moins bien payées, occupent moins de postes de direction et participent moins aux domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM). Dans les écoles d’ingénieurs et du numérique, les femmes représentent en moyenne 20 % des effectifs et n’occupent que 29% des postes de la data science et de l’IA, selon un rapport de l’Unesco de 2019. Cette même année, 80 % des professeurs en intelligence artificielle étaient des hommes et 12% des chercheurs en IA étaient des femmes. Les algorithmes sont donc majoritairement programmés par des développeurs masculins et reproduisent automatiquement leurs stéréotypes de genre plus ou moins conscients avant de les diffuser à grande échelle. Les données qui les nourrissent reflètent les inégalités de nos sociétés et le désintérêt des jeunes filles pour les STEM ou les TIC ne peut que les amplifier.
Evénement en ligne : “Les effets de l’IA sur la vie professionnelle des femmes”.
La discussion sera basée sur le nouveau rapport conjoint de l’UNESCO, de l’OCDE et de la BID “Les effets de l’IA sur la vie professionnelle des femmes” et sera axée sur les trois thèmes principaux mis en évidence dans le rapport :
- L’évolution des besoins en compétences sur le marché du travail ;
- Les effets de l’IA sur les femmes qui entrent sur le marché du travail ;
Les impacts de l’IA sur l’environnement de travail des femmes et la progression de carrière.
Discours d’ouverture:
- Tawfik Jelassi , Sous-Directeur général, UNESCO,
- Ulrik Vestergaard Knudsen , Secrétaire général adjoint, OCDE.
Panélistes confirmés :
- Dorothy Gordon, présidente du programme Information pour tous et membre du conseil d’administration de l’Institut des technologies de l’information dans l’éducation, UNESCO
- Tamara Dancheva, Directrice principale des relations internationales, GSMA
- Dirk Meyer, chef de la direction générale de la santé mondiale, du secteur privé, du commerce et du développement rural, ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement
- Marta Ochoa, Directrice de la jeunesse et coordinatrice principale de l’égalité des chances, UNI Global Union
- Livia Gouvea Gomes, Experte des marchés du travail, BID.
Cette table ronde sera animée par Gina Neff, directrice exécutive du Minderoo Center for Technology & Democracy à l’Université de Cambridge et professeure de technologie et société à l’Université d’Oxford, membre du Women4AI Daring Circle, co-auteur du rapport. Le 3 mars dernier, elle a publié un article sur le site de l’OCDE : “L’IA ne doit pas aggraver la vie professionnelle des femmes.”
L’IA pour combler l’écart entre les genres.
Même si les algorithmes d’IA ont reproduit les biais de notre société, il n’est pas trop tard pour infléchir leurs impacts pour la vie professionnelle des femmes grâce à des données fiables et représentatives de la société.
L’IA pour la recherche d’emploi.
L’un des principaux défis des services de l’emploi est de faciliter l’adéquation entre les compétences requises dans les postes vacants et celles dont disposent les demandeurs d’emploi. Un rapport du BID “Intelligence Artificielle pour la recherche d’emploi “de 2020 se concentre sur la façon dont l’intelligence artificielle (IA) peut être utilisée comme un outil pour améliorer l’approche d’appariement, dans la mesure où l’on considère les relations existantes dans diverses professions, ce qui peut inclure plus d’informations dans l’analyse des profils des candidats à l’emploi.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle alimente de nombreux moteurs de recherche d’emploi, des offres d’emploi en ligne et des recommandations et est utilisée pour automatiser certaines parties du processus d’embauche pour les grandes entreprises.
Cependant ce sont les employeurs qui choisissent les données sur la base desquelles l’Intelligence Artificielle sélectionne les futurs employés, les algorithmes intègrent donc leurs préjugés. Ainsi, en 2015, Amazon avait reconnu que son recrutement par algorithme évaluait les candidats aux postes de développeurs de manière sexiste.
D’autre part, les algorithmes d’IA basés sur des embauches passées réussies dans le secteur de la technologie, où les femmes sont sous-représentées, peuvent perpétuer les préjugés à l’avenir, aggravant ainsi l’inégalité entre les sexes dans le secteur.
Les compétences numériques des femmes.
En 2020, l’UNESCO publiait une étude où elle expliquait le rôle que peut jouer une éducation tenant compte du genre pour mettre fin aux conceptions sexistes de la technologie et garantir l’égalité des genres en éducation numérique. Ce document avait souligné le paradoxe des TIC : les pays où l’égalité entre les genres est à son plus haut niveau, comme en Europe, sont également ceux où les femmes sont les moins nombreuses à poursuivre des études supérieures menant à un emploi dans le secteur des technologies.
L’étude avait également attiré l’attention sur le fait que les assistants numériques sont pratiquement tous féminisés. Tandis que les robots industriels ont pour la plupart des noms masculins, les assistants personnels dont la fonction principale est de rendre service, d’écouter et de servir ont des voix féminines et se nomment Siri ou Alexa.
La recherche qui va servir de base de discussion à cette table ronde montre que les femmes qui travaillent aujourd’hui occupent moins de postes de direction, sont moins susceptibles d’avoir des compétences en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), elles occupent des emplois plus précaires et, en moyenne, sont moins bien payées pour le même travail que leurs homologues masculins.
Conclusions.
Des études ont révélé que les équipes porteuses de projets en IA mixtes sont les plus performantes. La place des femmes dans le monde de l’IA est donc stratégique et il est essentiel d’encourager les carrières dans le monde des sciences et du numérique pour que les femmes y soient davantage représentées.
Les gouvernements et la société civile ont un rôle à jouer pour s’assurer que les femmes s’épanouissent dans un avenir fondé sur l’IA. Les développeurs doivent garantir la transparence et la responsabilité, ainsi que partager la recherche et les données. Cela permettra aux gouvernements, aux organisations, aux universitaires et à d’autres de surveiller et d’atténuer les préjugés sexistes dans les systèmes d’IA.
Pour assister à l’événement : https://oecd.ai/en/women-event-2022