La 28e édition du salon Eurosatory, dédié à la Défense et à la Sécurité terrestre et aéroterrestre, a débuté ce 17 juin par une conférence sur l’intelligence artificielle de défense. Présentée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées et Bertrand Rondepierre, directeur de l’AMIAD, elle donne le ton du salon 2024 qui place l’IA au cœur de son actualité.
En avril 2019, Florence Parly, Ministre des Armées, présentait sa stratégie sur l’intelligence artificielle, rappelant qu’il s’agissait d’une priorité pour la défense nationale française, la feuille de route était dévoilée au mois de septembre suivant.
Un investissement stratégique pour l’avenir
La loi de finance pour 2024 consacre 130 millions d’euros à l’IA de Défense, un budget qui devrait être doublé d’ici la fin de la loi de programmation militaire 2024-2030, soit un total de 2 milliards d’euros dédiés au domaine. En 2026, près de 800 personnes travailleront sur l’IA au ministère des Armées.
Création d’une agence ministérielle pour l’IA de défense et supercalculateur
En mars dernier, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, annonçait lors d’une visite à l’Ecole Polytechnique de Palaiseau, la création de l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD). L’agence, à laquelle seront consacrés environ 300 millions d’euros chaque année, devrait compter, à terme, 300 personnes dont des chercheurs et des experts civils et militaires. Elle a pour mission de professionnaliser l’usage de l’IA au sein des armées, assurant ainsi une transformation numérique souveraine et est dirigée par Bertrand Rondepierre, polytechnicien et normalien (ENS Cachan), rapporteur de la mission Villani sur l’IA.
Grâce à l’AMIAD, le ministère reste maître de ses bases de données, considérées comme le “nerf de la guerre” de l’IA. D’ici 2025, le ministère se dotera également du plus puissant supercalculateur classifié secret défense d’Europe, renforçant ainsi sa capacité à développer des solutions d’IA avancées.
Une conférence consacrée à l’utilisation opérationnelle de L’IA dans les armées françaises
De nombreux projets autour de l’IA sont d’ores et déjà en cours de développement, Sébastien Lecornu, et Bertrand Rondepierre, directeur de l’AMIAD en ont présenté quelques-uns lors de cette conférence d’ouverture :
Détection optique des véhicules militaires terrestres : Cette innovation a été confiée à l’AMIAD qui a pu entraîner son algorithme et a réussi la première campagne d’essai menée en avril 2024. Grâce à l’IA, l’opérateur est à présent capable de détecter et d’identifier immédiatement des véhicules cachés en lisière de forêt.
Détection acoustique : La Marine nationale utilise l’IA pour optimiser le travail des “oreilles d’or” du Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique (CIRA). L’IA élimine les bruits parasites, permettant ainsi une détection sonore plus rapide et efficace.
Formation des pilotes : L’IA analyse les données des vols réels et des simulateurs pour identifier les points forts et les difficultés des élèves pilotes. Ce système personnalisé améliore considérablement l’efficacité de la formation.
Maintenance du matériel terrestre : En reconnaissant visuellement les besoins en pièces de rechange, l’IA réduit les délais de diagnostic, de maintenance et d’approvisionnement, même en l’absence de connexion internet, ce qui est crucial en situation de combat.
Lutte contre la désinformation : Face à la menace des fakenews et des deepfakes, le ministère utilise un logiciel d’IA capable de détecter les contenus falsifiés. Cet outil permet de confirmer les intuitions humaines avec une grande fiabilité, protégeant ainsi l’image de la France et la liberté d’action de ses forces.
Traduction instantanée : Un outil de traduction disponible sur smartphone en 19 langues facilite la communication des forces spéciales et des unités avec les populations civiles, même sans connexion internet. Cette technologie suscite également l’intérêt des administrations.
Retrouver le replay de la conférence ici