Une nouvelle étude du Boston Consulting Group (BCG) révèle que l’adoption de l’IA et de l’IA générative a considérablement augmenté au cours de l’année écoulée. Parmi les employés, 43 % déclarent utiliser régulièrement la GenAI au travail contre 20 % en 2023. La confiance est également en hausse : 42 % des salariés se déclarent confiants quant à l’impact des IA sur leur travail, contre 26 % l’an dernier. Toutefois, 49 % des utilisateurs réguliers pensent que leur emploi pourrait disparaître au cours de la prochaine décennie à cause de l’IA.
L’étude “L’IA au travail 2024 : ami et ennemi” (AI at Work : Friend and Foe) fait suite à l’enquête “AI at Work” de BCG publiée en juin 2023. Sa division Tech, BCG X, a interrogé 13 102 personnes, cadres dirigeants, managers et employés de première ligne, dans 15 pays et régions. La plupart des répondants travaillent dans des bureaux.
Un outil de plus en plus utilisé
L’utilisation de la GenAI a connu une augmentation exponentielle. Près de deux tiers des dirigeants (64 %) affirment mettre en œuvre l’IA générative pour remodeler leur organisation. En France, un employé sur deux déclare utiliser régulièrement la GenAI pour son travail. Cette explosion de l’usage s’explique par les avantages concrets que procure la technologie en termes de productivité et de qualité du travail.
Sylvain Duranton, directeur monde de BCG X, co-auteur de l’étude observe :
“L’usage de l’IA générative a explosé cette année pour atteindre 42 % en entreprise. 2024 est l’année du déploiement après une année de découverte de la technologie. 58 % des salariés déclarent gagner au moins cinq heures par semaine. C’est une formidable opportunité pour les entreprises et pour la société”.
Ces gains de temps sont réinvestis de différentes manières : accomplissement de tâches supplémentaires (41 %) ou de nouvelles tâches (39 %), expérimentation de la GenAI (39 %), travail sur des tâches stratégiques (38 %). Les améliorations apportées par la GenAI permettent non seulement de réduire la charge de travail, mais aussi d’améliorer la qualité globale des missions réalisées.
Des sentiments mitigés
Malgré une confiance accrue, l’IA génère également des inquiétudes. Près de la moitié des utilisateurs réguliers (49 %) craignent que leur emploi ne disparaisse dans les dix prochaines années à cause de l’IA. Cette peur n’est partagée que par 24 % des salariés qui n’utilisent pas ces technologies.
Formation et adaptation des compétences
Les répondants reconnaissent l’importance d’une formation adéquate pour exploiter pleinement GenAI. Cependant les dirigeants interrogés font remonter trois défis :
- Le manque de connaissances en IA et GenAI dans les rôles non technologiques ;
- L’incertitude quant au moment d’utiliser GenAI ;
- La pénurie de talents en IA et en technologie GenAI.
Pour les travailleurs de première ligne les trois défis principaux quant à l’utilisation de l’IA liés à la formation sont :
- Le manque de temps pour apprendre à utiliser l’outil ;
- Une formation inefficace ;
- Comme pour les dirigeants, l’incertitude quant au moment d’utiliser GenAI.
La formation à l’IA reste donc un défi majeur. Aujourd’hui, seulement 30 % des managers et 28 % des employés ont été formés à l’IA, contre 50 % des dirigeants. L’enquête sur l’IA au travail de 2023 révélait que 86 % des salariés souhaitaient bénéficier d’une formation pour adapter leurs compétences. En France, 50 % des managers et 33 % des employés ont déjà bénéficié d’une formation.
Optimisme et divergences géographiques
Les répondants des pays du Sud, comme le Brésil, l’Inde, le Nigeria et l’Afrique du Sud, se montrent plus optimistes et moins anxieux à l’égard de GenAI que ceux des marchés matures. En Inde, par exemple, 54 % des répondants se déclarent confiants vis-à-vis de GenAI contre 27 % au Japon et 34 % aux États-Unis. Ces pays enregistrent également une plus grande proportion d’utilisateurs réguliers de l’IA générative et de bénéficiaires de formations. Les managers et employés de première ligne des pays du Sud ont été davantage formés à l’utilisation de GenAI par rapport à leurs homologues des pays du Nord.
Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG et coauteure du rapport, commente :
“Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’IA générative : à la première phase de curiosité et d’expérimentation succèdent de nouvelles attentes de passage à l’échelle et de création de la valeur”.
Elle conclut :
“Les utilisateurs réguliers de GenAI commencent à en percevoir les bénéfices. Pour les entreprises, ils sont encore assez diffus ou théoriques. Pour rentabiliser leur investissement, les entreprises devront aller au-delà de la recherche de productivité et adopter une approche plus holistique. Cela implique par exemple de réorienter proactivement le temps gagné vers les activités les plus utiles, stratégiques pour l’entreprise et les plus sources d’engagement des collaborateurs, de former leurs employés sur ces nouvelles compétences et outils et de remodeler leurs organisations et leurs modèles opérationnels en conséquence”.