En juin dernier, ABBYY, une multinationale spécialisée dans le traitement intelligent des documents et l’automatisation, a mené, en partenariat avec l’institut Opinium, une enquête auprès de 1 200 décideurs informatiques en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Allemagne, en Australie et à Singapour. Elle dévoile dans son rapport “ABBYY State of Intelligent Automation : AI Trust Barometer 2024”, les motivations et les inquiétudes des industriels français face à l’adoption de l’IA.
Selon les chiffres d’ABBYY, l’investissement moyen dans l’IA au cours des 12 derniers mois en France a été supérieur à celui des pays étudiés : 811 000 euros alors que la moyenne se situe à 600 000 euros. L’étude révèle que l’innovation technologique et la peur de l’obsolescence sont les principaux moteurs de l’intégration de l’IA.
Le “AI Trust Barometer 2024″ identifie également les principaux domaines d’application de l’IA dans l’industrie française : le marketing et les opérations (40 %), les ventes (39 %), et la conformité (27 %) sont en tête des départements ayant intégré des outils IA, avec des solutions d’automatisation qui transforment progressivement les processus internes et la relation client.
La peur de l’obsolescence : premier facteur de motivation
Alors que la technologie évolue à une vitesse inédite, 63 % des industriels français expriment leur crainte de se voir dépassés s’ils ne s’adaptent pas à l’IA. Ce chiffre souligne la pression constante qui pèse sur les entreprises pour maintenir leur compétitivité. Selon ABBYY, l’IA est devenue un élément clé pour garantir l’efficacité : 52 % des répondants, indiquent l’amélioration des performances et du service client comme des objectifs prioritaires. La pression exercée par les clients s’avère également significative, 38 % des répondants affirmant que les attentes de leurs consommateurs les poussent à investir dans l’IA.
Des décideurs confiants dans les modèles de langage
Une large majorité des leaders informatiques du secteur industriel français (77 %) déclare faire confiance à l’IA pour apporter des avantages à leur entreprise.
Ils accordent une confiance élevée aux grands modèles de langage (LLM), plébiscités par 84 % des répondants pour leur fiabilité et leur efficacité. Les petits modèles de langage (SLM) bénéficient eux aussi d’une confiance notable (80 %), en partie en raison de leur capacité à répondre à des besoins spécifiques tout en limitant certains risques associés aux LLM.
Les outils basés sur l’IA générative, tels que les chatbots et assistants numériques, sont parmi les plus utilisés, reflétant un engouement croissant pour des solutions capables d’automatiser et de personnaliser les interactions avec les clients. Si 82% des répondants français déclarent utiliser ChatGPT, plus de la moitié utilise des outils d’IA spécifiques, tels que le traitement intelligent des documents (IDP).
Des freins persistants à l’adoption de l’IA
Malgré cette forte adoption, l’étude met en lumière plusieurs inquiétudes. Le risque d’utilisation abusive de l’IA est cité comme l’une des principales préoccupations (38 %). Le manque de talents et de compétences (34 %), les complexités techniques (29 %) et les enjeux de conformité juridique (31 %) sont d’autres freins majeurs. De plus, 49 % des décideurs s’inquiètent des menaces pour la cybersécurité et la protection des données, tandis que 40 % expriment des doutes quant à la fiabilité des informations fournies par l’IA.
Une croissance des investissements en 2025
En dépit de ces défis, 87 % des décideurs informatiques prévoient de renforcer leurs budgets IA pour l’année à venir, 22 % d’entre eux comptent d’ailleurs augmenter leurs investissements de 21 à 30 %. Ces prévisions reflètent la confiance croissante en l’IA, soutenue par des résultats concrets que 80 % des entreprises affirment déjà observer.
Vers une IA responsable ?
Un autre aspect de cette adoption de l’IA est la dimension éthique. Si 81 % des industriels français se disent convaincus de respecter les réglementations en vigueur, seulement 43 % des entreprises ont mis en place des politiques internes claires pour encadrer l’usage de l’IA par leurs équipes de production et de conformité. ABBYY souligne que ce besoin de formaliser des lignes directrices internes devient crucial pour gagner la confiance des utilisateurs et des clients.
Maxime Vermeir, Senior Director of AI Strategy chez ABBYY, commente :
“Il est révélateur que les responsables informatiques de l’industrie préfèrent les petits modèles de langage, probablement en raison des informations erronées associées à l’IA générative. Cela indique une maturation du marché, avec une intégration croissante d’outils spécialisés comme le traitement intelligent des documents (IDP) dans les stratégies d’IA. Les industriels peuvent ainsi combiner l’IA spécialisée avec des solutions basées sur des grands modèles de langage (LLM) pour répondre à des besoins spécifiques, renforçant la confiance. Cependant, le manque d’expertise en mise en œuvre de l’IA demeure une préoccupation, risquant de freiner leur progression. Pour y remédier, ils devraient former leurs employés et recruter des spécialistes en IA, afin de maximiser les avantages de cette technologie”.