L’intelligence artificielle dans le secteur de la défense est un sujet qui fait son arrivée progressive en France : fin avril dernier, le comité éthique du ministère des armées présentaient son avis sur les systèmes d’armes létaux et en juillet, le ministère signait un partenariat avec Preligens. L’un des pays les plus avancés sur le sujet reste les Etats-Unis dont les partenariats, collaborations et avancés atour de l’IA se multiplie, que ce soit avec Microsoft, avec la présentation de ses “principes éthiques”, ou avec l’introduction de l’informatique quantique. ActuIA vous propose un focus sur le centre commun d’intelligence artificielle du Pentagone (JAIC) et sur ses dernières avancées.
Qu’est-ce que le centre commun d’intelligence artificielle du Pentagone ?
Le Joint Artificial Intelligence Center (JAIC) ou, en français, le centre commun d’IA du Pentagone est le centre d’excellence en intelligence artificielle (IA) du ministère de la Défense des Etats-Unis (DoD). L’objectif du JAIC est d’opérer une transformation numérique du DoD et des armées en accélérant l’adoption de l’IA et obtenir un impact numérique à grande échelle. Son approche comporte plusieurs objectifs :
- Défendre les infrastructures critiques américaines contre les cyberactivités malveillantes qui, seules ou dans le cadre d’une campagne, pourraient provoquer un cyberincident important.
- Établir une base commune qui permet une exécution et une expérimentation décentralisée.
- Faire évoluer les partenariats avec l’industrie, les universités, les alliés et les partenaires.
- Cultiver une main-d’œuvre d’IA de premier plan.
- Etre leader en matière d’éthique et de sécurité dans l’IA militaire.
La JAIC intervient et fournit ses avancées en matière d’IA à travers deux composantes : les initiatives de mission nationales (NMI) où le JAIC répond à des défis liés à l’IA et au machine learning dans plusieurs secteurs de la défense, et les initiatives de missions selon les composantes, qui elles se focalisent sur un secteur en particulier et apporte son soutien de plusieurs manières : financement, gestion de données, bases communes, maintenance, etc.
Pilotage d’un processus d’approvisionnement pour une IA répondant aux principes éthiques et responsable du Pentagone
Parmi les dernières avancées proposées par le JAIC, le centre a annoncé le pilotage d’un processus d’approvisionnement responsable dans l’objectif que ses services exploitant l’IA puissent être conformes aux “principes d’éthiques” du Pentagone. Alka Patel, chef de l’IA responsable chez la JICA, explicite l’intérêt de cette avancée :
“Le développement d’un processus d’approvisionnement en IA tactique et responsable est essentiel pour créer les garanties nécessaires alignées sur nos principes d’éthique de l’IA et les mettre en œuvre davantage contre les principes de l’IA responsable énoncés par le secrétaire adjoint à la Défense.”
Le pilote d’approvisionnement en IA responsable a pour objectif de faire progresser l’IA responsable au sein du DoD. Il établira des orientations et des attentes claires pour ceux qui souhaitent travailler avec le DoD pour s’assurer qu’ils fournissent des systèmes d’IA conçus, développés, déployés et utilisés de manière responsable. Will Roberts, chef des acquisitions chez la JICA, précise :
“Pour que le DoD repense ses pratiques et son processus d’acquisition, il est essentiel que la JAIC s’engage avec des partenaires pour permettre l’adoption et la mise à l’échelle accélérées de l’IA dans l’entreprise de manière responsable.”
Exploiter l’intelligence artificielle pour concevoir une “machine de guerre” multiservices
Un des objectifs du JAIC réside dans la volonté d’exploiter l’intelligence artificielle pour concevoir un outil de guerre multiservices ou multitâches. Par exemple, au lieu d’envoyer des images via à flux vidéo individuel à un centre de contrôle au sol, un véhicule aérien sans pilote comme un drône pourrait trouver des cibles ennemies stratégiques, analyser des variables et envoyer des renseignements exploitables à plusieurs endroits en quelques secondes, tout ça, grâce à l’IA.
Le but serait ainsi de combiner l’analyse des données par l’IA et l’action militaire en temps réel. La détection basée sur l’information et l’analyse de données activée par l’IA sont ensuite, par conception, fusionnées avec des options dites “cinétiques” telles que des missiles, des roquettes, des fusils, des bombes et d’autres armes (pas forcément létales comme des drones par exemple) pour compléter la chaîne de destruction devant un ennemi.
Le directeur du JAIC, le lieutenant général Michael S. Groen s’est exprimé sur l’utilité d’une telle application de l’IA :
“Si nous pouvons prendre de bonnes décisions et avoir des décideurs informés, nous pensons que c’est l’application la plus importante de l’intelligence artificielle. Et puis nous continuerons à partir de là vers la mise en place d’autres fonctionnalités. La liste est interminable : on peut déplacer la logistique avec succès sur le champ de bataille, comprendre ce qui se passe sur la base de modèles historiques et de précédents, comprendre les implications de la météo ou du terrain, sur les manœuvres, toutes ces choses peuvent être assistées par l’IA.”