Créée l’an dernier par le Congrès, la Commission nationale de sécurité sur l’intelligence artificielle (NSCAI) a alerté le gouvernement américain sur l’importance d’un renforcement des actions pour l’IA face aux progrès chinois. Eric Schmidt, président du jury et ancien directeur général de Google, a présenté dans un rapport intermédiaire publié en ce début de semaine, un état des lieux et des recommandations face au leadership de la Chine dans le domaine.
La NSCAI a publié ce lundi un rapport intermédiaire (disponible ici) sur les actions à réaliser du côté du gouvernement américain notamment pour face aux progrès chinois dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le rapport définitif sera remis l’an prochain. La Commission a exprimé à l’occasion de cette publication de sérieuses préoccupations concernant à la fois la réduction des financements gouvernementaux et l’importance du travail à effectuer. Selon le rapport, il est indispensable d’investir rapidement dans la recherche et dans la formation des salariés afin que l’IA passe d’être “une nouveauté technologique prometteuse à être une technologie mature intégrée dans les principales missions de sécurité nationale”.
The #NSCAI Interim Report is live! We are excited to hear your feedback. Find the report on our website: https://t.co/Cg7k1mHIrY pic.twitter.com/mTivo7azgB
— NSCAI (@AiCommission) November 4, 2019
Robert Work, vice-président du NSCAI et ancien secrétaire adjoint à la Défense, a indiqué que la sécurité nationale devait être l’un des points centraux des efforts à effectuer et que la NSCAI s’était entretenue sur le sujet avec le Japon, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et l’Union européenne. De son côté, Eric Schmidt, a déclaré :
“La Chine est en avance dans deux domaines. On est dans la zone de surveillance de reconnaissance de visage. Et un autre est dans la technologie financière. Cela ne veut pas dire qu’ils sont en avance sur l’IA”.
Les tensions entre les deux pays sont indiscutables et il semble donc logique que le rapport aborde également ce sujet.
“La Chine profite de l’ouverture de la société américaine de différentes manières – certaines juridiques, d’autres non – pour transférer le savoir-faire en matière d’IA” peut-on lire dans le rapport intermédiaire.
Sur ce point, la Commission n’a pas fait part de solution mais a précisé que “le choix ne doit pas nécessairement être binaire entre coopérer et démêler” plutôt que des restrictions risquant d’avoir un impact négatif sur l’économie nationale. La question se posait en effet de savoir si les États-Unis devaient réduire toute coopération avec les chercheurs chinois en matière d’IA, via des contrôles de visas et des exportations.
Coopérer avec le géant chinois mais comment ? Pour la NSCAI, il serait judicieux de promouvoir l’utilisation responsable de l’IA et de travailler conjointement contre l’utilisation de l’IA pour autoriser le lancement d’armes nucléaires. Les droits de l’homme sont également un sujet de taille qu’ont tenu à aborder les auteurs du rapport. La surveillance utilisant notamment la reconnaissance faciale est fortement critiquée mais la Commission rappelle qu’en plus de la Chine, “au moins 74 autres pays pratiquent également une surveillance à l’aide d’IA”, et la moitié sont considérées comme étant des “démocraties libérales avancées”.
Outre la reconnaissance faciale, l’utilisation de l’IA à des fins militaires a également été au coeur de nombreux débats cette année, notamment aux États-Unis. De nombreux employés de Google s’étaient en effet manifestés contre des partenariats avec l’armée américaine et plus récemment c’est chez Microsoft que la controverse a éclaté. Le rapport aborde ces questions en précisant que “l’éthique et la nécessité stratégique sont compatibles entre elles” et que la Commission craignaient “que le débat paralyse le développement de l’intelligence artificielle”.