L’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) et le Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux (CHU de Bordeaux) ont officialisé ce 27 mai dernier le lancement du projet ENVISAGE. Réunissant un consortium de partenaires académiques et industriels, ce projet, d’un budget de 26 millions d’euros, a pour objectif de mettre au point, dans un délai de 5 ans, la première solution intégrale de guidage par l’image basée sur l’IA destinée au traitement des pathologies valvulaires cardiaques.
Les maladies des valves cardiaques, l’une des principales causes de morbidité et de mortalité cardiovasculaires, touchent environ 47 millions de personnes dans le monde.
ENVISAGE a pour but de démocratiser l’accès de ces patients aux traitements percutanés, bien moins invasifs que le chirurgie traditionnelle. Lors de ces interventions, les chirurgiens utilisent un cathéter pour réparer ou remplacer les valves cardiaques défaillantes. Ces procédures offrent des avantages significatifs, comme la réduction des douleurs postopératoires et des temps de récupération plus courts.
La solution développée dans le cadre de ce projet pourra non seulement améliorer le diagnostic mais également accélérer la prise en charge des patients et permettre leur suivi à distance.
Selon le professeur Thomas Modine, chirurgien cardiaque au CHU de Bordeaux :
“L’ambition d’ENVISAGE : créer un outil de décision guidé par l’image, basé sur l’intelligence artificielle (IA), pour accompagner le chirurgien dans la planification des procédures transcathéter et traiter plus efficacement les maladies des valves cardiaques”.
Un consortium de partenaires académiques et industriels
Le projet de recherche ENVISAGE, né d’une collaboration entre l’Institut de cardiologie de Montréal et le CHU de Bordeaux, réunit l’Université de Bordeaux, l’Institut Hospitalo Universitaire (IHU) de Strasbourg, et du côté industriel 3mensio Medical Imaging et Materialise.
Coordonné par le professeur Thomas Modine et codirigé par le Dr Walid Ben Ali,
chirurgien cardiaque à l’ICM et professeur adjoint de clinique au Département de chirurgie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, ENVISAGE est l’un des lauréats de l’Appel à Projets Recherche Hospitalo Universitaire (RHU) en santé 2023, opéré par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) au titre de France 2030, ce qui lui a permis d’obtenir un financement de plus de six millions d’euros.
Le projet prévoit d’inclure 25 000 patients à travers le monde. Les données recueillies permettront d’accroître la précision, la sécurité et l’efficacité des procédures. La solution développée permettra notamment d’optimiser et accélérer la sélection des patients éligibles à recevoir de tels traitements tout en soutenant activement les praticiens et les équipes interventionnelles dans leur prise de décision.
Elle permettra ainsi de répondre à des préoccupations majeures de santé publique. L’absence ou le retard de traitement des maladies valvulaires peuvent entraîner une insuffisance cardiaque, une augmentation des réhospitalisations, ce qui a un impact sur la qualité de vie des malades et, de manière significative, sur l’économie du système de santé. Les coûts liés à l’insuffisance cardiaque liée aux valvulopathies s’élevaient à 30 milliards de dollars en 2022 et sont estimés à 70 milliards de dollars en 2030.
Pour Gilles Duluc, à la tête de la Direction de la recherche et de l’innovation du CHU de Bordeaux :
“Le partenariat entre les équipes de l’ICM et du CHU de Bordeaux démontre la capacité des équipes françaises à collaborer à très haut niveau à l’échelle internationale. Le projet ENVISAGE porte l’ambition de nos équipes au-delà de ce qui a été fait jusqu’à présent dans le traitement des valvulopathies en exploitant pleinement les opportunités ouvertes par l’intelligence artificielle. Les retombées d’ici cinq ans seront majeures pour l’amélioration de la prise en charge des patients atteints de ces pathologies cardiaques qui représentent la première cause de mortalité dans le monde et ouvriront d’autres voies enthousiasmantes de recherche et développement entre nos deux institutions”.
