L’Afrique, riche en potentiel mais confrontée à des défis majeurs, représente un terrain clé pour l’innovation et l’adoption de l’intelligence artificielle. Dans cette dynamique, François Weiler, Président France d’Altair, et Redda Ben Geloune, CEO d’Aitek, ont uni leurs forces pour révolutionner l’intégration de l’IA sur le continent. Ce partenariat combine la puissance technologique d’Altair à l’expertise locale d’Aitek, avec un objectif clair : faire de l’IA un levier de transformation durable pour l’Afrique. ActuIA s’est entretenu avec eux pour explorer les ambitions et défis de cette collaboration stratégique
Qu’est-ce qui vous a poussé à unir vos forces pour promouvoir l’IA en Afrique ?
François Weiler: Depuis plusieurs années, Altair cherchait à s’implanter durablement en Afrique, mais nous avons rencontré des difficultés, notamment pour adapter notre offre aux besoins locaux. En Afrique, il ne s’agit pas seulement de proposer une technologie performante, mais aussi de comprendre les dynamiques culturelles et économiques. Lorsque nous avons rencontré Aitek, nous avons immédiatement reconnu une vision partagée et des valeurs communes. Leur expertise locale et leur capacité à créer des liens solides avec les entreprises africaines complètent parfaitement notre savoir-faire technologique. Ce partenariat est donc stratégique pour accélérer notre impact sur le continent.
Redda Ben Geloune: Aitek est née en Afrique pour répondre aux grands défis du continent, qu’il s’agisse de l’éducation, de l’énergie ou de la santé. Depuis vingt ans, nous avons bâti un réseau et une compréhension approfondie des besoins locaux. En collaborant avec Altair, nous allions la puissance de leur technologie à notre connaissance des spécificités africaines. L’IA est un levier fondamental pour transformer le continent et combler les retards structurels, à condition qu’elle soit mise en œuvre de manière pertinente. Nous avons toujours voulu contribuer à faire de l’Afrique un leader dans les technologies de pointe.
Pourquoi pensez-vous que l’IA est essentielle pour le développement de l’Afrique ?
Redda Ben Geloune: L’Afrique est confrontée à des enjeux majeurs, mais c’est aussi un continent jeune, avec un âge médian de 19,7 ans. L’IA peut aider à résoudre certains des problèmes les plus complexes, comme le manque d’infrastructures ou les lacunes éducatives. Contrairement à d’autres régions où les technologies existantes freinent parfois l’innovation, nous avons ici l’opportunité de construire directement sur des bases modernes. De plus, les Africains perçoivent l’IA comme une opportunité et non comme une menace pour l’emploi. Cette mentalité ouvre des perspectives uniques pour intégrer rapidement ces technologies dans des secteurs critiques.
François Weiler: En Europe, les discussions autour de l’IA sont souvent marquées par des craintes éthiques ou sociales. En Afrique, les entreprises et les institutions voient l’IA comme un moyen de dépasser les limites actuelles. Par exemple, l’IA peut réduire les coûts et accélérer des processus dans des secteurs essentiels comme l’agriculture, la santé ou l’éducation. Nous croyons fermement que l’IA peut aider l’Afrique à réaliser son immense potentiel tout en posant les bases d’un développement économique inclusif. En rendant l’IA accessible, nous pouvons transformer le quotidien de millions de personnes.
Quels sont les objectifs concrets de votre partenariat ?
François Weiler: Nous voulons créer un écosystème durable et performant. Concrètement, cela signifie identifier des cas d’usage pertinents, adapter nos solutions aux besoins locaux et développer des projets ayant un impact mesurable. Altair apporte son expertise technologique et Aitek nous aide à comprendre les attentes des entreprises et des institutions africaines. Ce partenariat repose sur une véritable collaboration, où chaque partie contribue à créer des solutions réalistes et reproductibles, tout en étant adaptées aux contraintes locales. Nous voulons prouver que l’IA peut être un moteur de croissance pour toute la région.
Redda Ben Geloune: Nous avons déjà lancé plusieurs projets pilotes avec des entreprises locales. L’objectif est de construire des success stories qui serviront de référence pour d’autres acteurs. Par exemple, nous travaillons sur des solutions d’IA pour optimiser les chaînes d’approvisionnement et réduire les pertes dans le secteur agroalimentaire. De plus, nous prévoyons de doubler nos équipes en Afrique pour répondre à la demande croissante. Nous souhaitons également renforcer la formation et le transfert de compétences aux jeunes talents africains, qui seront les acteurs-clés de cette transformation. Cela inclut le développement de programmes éducatifs spécialisés dans l’IA et des ateliers pratiques dans les communautés locales.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez ?
François Weiler: L’un des grands défis est de garantir l’accès aux données nécessaires pour entraîner les modèles d’IA. En Afrique, les réglementations sur les données sont encore en évolution, ce qui peut rendre l’accès plus facile que dans d’autres régions. Cependant, cela demande aussi une grande responsabilité pour s’assurer que l’utilisation de ces données respecte les principes éthiques. Nous devons aussi travailler à minimiser les coûts d’accès à la technologie pour les petites et moyennes entreprises. Enfin, il est crucial d’éviter que les infrastructures existantes deviennent un frein pour l’adoption de nouvelles solutions.
Redda Ben Geloune: Un autre défi est de sensibiliser les décideurs publics et privés à l’urgence d’investir dans l’IA. Trop souvent, les projets prennent du retard, faute d’engagement clair. C’est pourquoi nous insistons sur la nécessité de travailler avec des acteurs locaux qui comprennent les enjeux et peuvent agir rapidement. Il est crucial de bâtir une véritable confiance entre tous les acteurs de l’écosystème pour assurer la réussite des initiatives. Nous faisons aussi face à une demande massive et croissante, qui exige une augmentation rapide de nos capacités de déploiement. Par ailleurs, il est important de lever les barrières culturelles pour accélérer l’adoption de ces technologies.
Comment voyez-vous l’avenir de l’IA en Afrique ?
Redda Ben Geloune: Si l’Afrique parvient à s’approprier l’IA, elle pourrait réduire son retard économique en une quinzaine d’années. Cela demande cependant une volonté politique forte et des investissements ciblés, notamment dans la formation et l’éducation. Nous avons une opportunité unique de transformer nos économies et de créer des emplois de qualité pour les jeunes Africains. L’IA peut aussi jouer un rôle dans la préservation de notre patrimoine culturel, en facilitant la numérisation et la valorisation de nos richesses historiques et artistiques. Par ailleurs, nous espérons inspirer une nouvelle génération d’entrepreneurs technologiques sur le continent. Cette dynamique pourrait entraîner une véritable révolution socio-économique.
François Weiler: Je partage cet optimisme. L’IA est un formidable accélérateur de changement. Ce partenariat avec Aitek nous permet de bâtir des bases solides et de contribuer à créer un futur où l’Afrique ne sera pas seulement un consommateur de technologie, mais un acteur de premier plan dans l’économie mondiale de l’IA