L’Observatoire de l’Intelligence Artificielle (OIA) est un think tank politique spécialisé en IA ainsi que sur les questions relevant du numérique. Alors que les élections européennes approchent, il a publié une étude approfondie sur la position des partis politiques vis à vis de l’IA : celle-ci reste largement sous-évaluée dans leurs programmes. Alors que l’IA devient un enjeu sociétal et politique majeur, son traitement reste marginal dans les discours politiques, mettant en évidence un potentiel angle mort dans les débats électoraux.
L’équipe fondatrice de l’Observatoire de l’Intelligence Artificielle, L’intelligence artificielle au service de l’environnement, l’Homme, et la France, est composée de quatre membres aux profils diversifiés mais complémentaires : Nasri Badaoui, ingénieur avec une expérience internationale en politiques publiques d’IA, Mathéo Allais, ingénieur spécialisé en énergie et environnement, Carole Dossat, scientifique avec un parcours en génétique et informatique, et Nicolas Vogtenberger, ingénieur et diplômé de Sciences Po Paris, axé sur la transformation numérique.
L’objectif premier de cette étude était d’évaluer la prise en compte de l’IA dans les programmes politiques des principaux partis en lice pour les élections européennes. À travers une analyse apolitique et scientifique, l’OIA a examiné les programmes officiels de ces partis publiés sur leur site le 21 mai dernier, en se concentrant sur trois critères principaux : l’importance accordée à l’IA, le niveau de maîtrise des enjeux et la pertinence des propositions formulées.
Elle vise également à :
- Eclairer le débat public en période électorale sur le positionnement des partis politiques via l’analyse de leur programme en matière d’IA ;
- Inciter les partis politiques à préciser leur ambition et mûrir leur réflexion sur les enjeux économiques et sociétaux liés à l’IA ;
- Sensibiliser l’électorat à la prise en compte du niveau d’ambition des différents programmes en matière d’IA dans le cadre des élections européennes.
L’évaluation de la vision IA des partis politiques a été calculée sur la base d’une moyenne pondérée entre trois catégories de critères :
- Degré d’importance accordée à l’IA: 30% ;
- Niveau de maîtrise des enjeux IA: 20% ;
- Pertinence des propositions: 50%.
Les résultats de l’analyse de l’OIA
L’OIA a classé les partis en trois catégories :
- les leaders, qui intègrent pleinement l’IA dans leur vision politique ;
- les suiveurs, qui reconnaissent l’importance de l’IA mais manquent de propositions concrètes ;
- les outsiders, qui sous-estiment largement les enjeux sociétaux liés à l’IA.
Seul parti figurant dans la catégorie leader, avec un score de 76%, la France Insoumise se distingue par une vision ambitieuse et complète de l’IA, dépassant les clivages politiques.
Parmi les suiveurs:
- Les Verts (51%) proposent une politique anti-GAFAM et mettent l’accent sur l’interopérabilité des services numériques ;
- Les Républicains (50%) affichent une vision idéologisée de l’IA, axée sur la recherche et le développement, mais manquant de discernement sur son potentiel ;
- Ecologie au Centre(49%) comprend les enjeux de l’IA sur le plan écologique et social, mais manque de précisions sur les modalités d’investissement et de réglementation.
Quant aux outsiders :
- Le Rassemblement National (41%) traite l’IA de manière générique et idéologique, avec peu de propositions concrètes ;
- Place Publique/PS (38%) adopte une approche défensive et peu ambitieuse de l’IA ;
- Reconquête (34%) exploite l’IA à des fins idéologiques, en mettant l’accent sur la limitation de l’immigration et la défense de la civilisation;
- La coalition Renaissance-MoDem-Horizons (24%) manque de propositions et de vision globale sur l’IA :
- Le Parti Communiste a le score le plus bas avec 21%.
Les recommandations de l’OIA
L’OIA déclare :
“Nous estimons que les changements induits par l’IA sont encore largement sous-estimés par la classe politique, alors même que le mandat électoral verra l’arrivée de ces transformations avec ses impacts associés. Les partis politiques français se
doivent de refléter dans leur offre politique des convictions en matière d’IA, avec une réflexion à 360°, couvrant les enjeux clés de l’emploi, des services publics, de la souveraineté économique, de la cybersécurité, de la production et diffusion de l’information, et bien entendu de l’environnement.
Au-delà de l’idéologie propre de chaque parti politique, l’Observatoire de l’Intelligence Artificielle incite les partis à introduire la question de l’IA sur l’ensemble des enjeux sociétaux”.
Pour retrouver l’intégralité de l’étude “IA et élections européennes : Les partis politiques ont-ils suffisamment pris en compte les enjeux de l’intelligence artificielle ?”, de l’analyse et des recommandations de l’OIA, cliquer ici.