Une initiative présentée à Saint-Domingue a été lancée pour tenter de prévenir les féminicides en République dominicaine. Cette plateforme baptisée Eagle Eye utilise l’intelligence artificielle pour analyser des données et générer des scénarios prédictifs pour éviter ce type de tragédies. L’outil développé par Plan International et la société Asesoría Integral a la Medida a Empresas (AIME), avec la participation du Procureur de la République local, espère faire baisser le taux de féminicides dans le pays, le cinquième plus élevé d’Amérique latine.
Un outil d’intelligence artificielle pour lutter contre les féminicides
La République dominicaine est le cinquième pays avec le taux de féminicides le plus élevé d’Amérique latine (1,9 pour 100 000 habitants selon les données de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes). En 2020, ce sont 60 femmes qui sont mortes dans le pays, des mains de leurs partenaires ou anciens partenaires.
Pour lutter contre ces drames, le Plan International travaillant en République dominicaine s’est associé à l’entreprise technologique AIME afin de développer une solution d’IA. Virginia Saiz, directrice de Plan International en République dominicaine, s’est exprimée autour de l’utilisation de l’IA pour la conception de ce genre de solutions :
“Jusqu’à présent, l’intelligence artificielle était principalement utilisée par le secteur privé. Les problèmes sociaux sont extrêmement complexes et doivent également reposer sur l’intelligence artificielle. Ce type de plateforme nous donne plus d’informations, une capacité de prédiction et de fournir des solutions plus efficaces.”
Un modèle générant des situations prédictives grâce au machine learning
Le bureau du procureur général a fourni l’ensemble des données nécessaires au développement d’Eagle Eye et de son algorithme de machine learning. Grâce à ces données, le système est capable de simuler des modèles qui pourraient servir à l’élaboration de politiques publiques permettant la baisse du taux de féminicides. Pour cela, le système a été entrainé avec de nombreuses données différentes pour tenter d’augmenter la précision.
Gregorio Tapia, Responsable Marketing, Innovation et Communication de Plan International en République dominicaine explique :
“L’utilisation de l’intelligence artificielle pour répondre à un problème social aussi complexe peut placer les décideurs publics dans un mode proactif et générer de nouvelles façons de comprendre et de faire face à ce problème”
Le programme a été testé une première fois et a obtenu des résultats concluants en matière de prédiction de situations de féminicides en prenant en compte des variables comme le lieu, les matchs de baseball, les dates de versement des salaires, les jours de vacances ainsi que d’autres facteurs économiques ayant selon les chercheurs influés sur de précédents cas. Rainier Mallol, cofondateur et président d’AIME a indiqué que l’outil avait pu identifier les mois et communes où se déroulait le plus de féminicides. Il a également précisé que la qualité des données transmises par les autorités devrait être améliorée pour gagner en exactitude. Selon lui, l’un des problèmes majeurs concernant les données à sa disposition jusqu’à présent est qu’il n’y a pas que peu d’informations sur les victimes.
Durant la suite de sa phase de test, Eagle Eye générera des prédictions jusqu’en 2023. De ces scénarios, des solutions devraient être mises en place pour aider au suivi des plaintes pour agressions et servir de soutien pour éviter d’autres possibles féminicides. Plan International a invité le gouvernement de République dominicaine et le secteur privé à s’inspirer de cet outil pour trouver de nouvelles solutions innovantes dans l’optique de résoudre d’autres problèmes.