Le réseau ferroviaire français est le deuxième plus grand d’Europe après celui de l’Allemagne. Alors que plus de 14 000 trains circulent chaque jour, transportant environ 5 millions de voyageurs, le Groupe SNCF s’est emparé depuis plusieurs années du numérique et de l’IA pour améliorer son réseau, faire face à des technologies devenant obsolètes et aux exigences européennes, optimisant in fine l’expérience voyageur, conducteur de train et agent en gare.
Selon Christophe Fanichet, Directeur Général adjoint du Numérique groupe SNCF,
“Pour être le leader des mobilités, il faut être un leader de la Tech”. Pour y parvenir, la SNCF consacre chaque année 5 % de son chiffre d’affaires au numérique, soit un budget de 2 milliards d’euros, plus de 4 500 de ses employés s’activent aujourd’hui à sa transformation digitale, un nombre qui devrait augmenter significativement puisque près de 700 recrutements sont prévus cette année.
Lors d’une conférence de presse, le Groupe a présenté les projets phares de ses 7 sociétés pour une mobilité du futur durable, parmi lesquels les projets suivants.
ARGOS, la nouvelle génération de postes d’aiguillage informatiques
Lancé par SNCF Réseau en 2018 avec des sociétés partenaires, ARGOS vise à développer et déployer une nouvelle génération de postes d’aiguillage informatiques.
Pièces maîtresses dans la sécurité de la circulation des trains, les postes d’aiguillage informatiques permettent de commander les aiguillages et les signaux sur une zone donnée et utilisent, pour les plus anciens d’entre eux, des technologies électromécaniques, électriques, voire mécaniques devenues obsolètes.
En les modernisant et les informatisant, ARGOS permettra une communication en temps réel, une plus grande réactivité face aux incidents réduisant l’impact en cas de panne et de maintenance, et par conséquent, une meilleure circulation des trains qui bénéficiera directement aux voyageurs. Les solutions développées visent à supprimer les relais intermédiaires, réduire les infrastructures et câbles au sol, diminuant ainsi les coûts d’installation et de maintenance.
La ligne Marseille-Vintimille devrait être la 1ère à voir la mise en oeuvre de ces solutions cette année.
Opti’conduite : un logiciel d’aide à l’éco-conduite
Développé par Didier Stewart, un ancien conducteur de train, Opti’conduite rassemble plusieurs paramètres liés à la circulation des trains (vitesse, position du train, profil de la voie, …). Le logiciel permet de calculer et d’indiquer en temps réel au conducteur la vitesse idéale à adopter pour réduire la consommation d’énergie du train (jusqu’à -12%), tout en respectant les horaires d’un trajet.
Désormais déployé dans la quasi-totalité des trains et auprès des 12 000 conducteurs, ce logiciel permet ainsi de réduire la facture énergétique, d’aider à la circulation des trains et de prolonger leur durée de vie. Les rapports générés permettent de mesurer la performance de l’outil, sa qualité de fonctionnement, les économies réalisées ainsi que la ponctualité en tous points du réseau.
D’ici la fin du premier trimestre 2024, une nouvelle interface sera déployée pour une prise en main facilitée de l’outil. De nouvelles fonctionnalités intégrant des cas complexes de gestion d’aléas seront développées en 2024.
Patterns CO2 : la data au service de la mobilité
Développé en 2022 par Keolis, l’une des sociétés du groupe SNCF, Patterns CO2 est un outil permettant le suivi en temps réel de l’empreinte carbone des mobilités sur un territoire donné (tous modes de transport confondus), grâce à l’exploitation des données GPS issues des smartphones du grand public. Outre les transports en commun, cette solution intègre également dans son analyse la voiture individuelle, le vélo, la marche à pied dans le but de fournir une vision globale aux Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM).
Patterns CO2 a été créé afin d’aider les collectivités à évaluer l’atteinte de leurs objectifs de réduction de gaz à effets de serre (GES), en ligne avec les objectifs définis par la France et l’UE. À terme, l’objectif est d’enrichir les sources de données en complément des traces GPS (données billettiques, traces mobiles fournies par les opérateurs, données collectées dans certains véhicules, etc) afin que la solution Patterns devienne la référence dans la mesure de l’empreinte carbone des mobilités, aussi bien en France qu’à l’international.
Smart Station, des gares intelligentes
Initié en 2020 dans le cadre d’un partenariat entre SNCF Gares & Connexions et ENGIE Solutions, Smart Station est un outil de supervision centralisée, et en temps réel, des équipements électriques dans les gares.
Grâce à des capteurs installés sur les principaux équipements des gares (ascenseurs, escaliers mécaniques, portes automatiques, compteurs énergie, sondes de température de locaux techniques), les agents formés peuvent surveiller leur état en temps réel via une application, et intervenir rapidement en cas de dysfonctionnement.
En 2024, l’application Smart station permettra également le suivi des consommations d’eau, la télésurveillance et la télé-opération des installations d’éclairage, de chauffage, de ventilation et de climatisation des gares.
L’outil, déployé actuellement dans 650 gares, le sera à terme dans 700 gares sur l’ensemble du territoire, connectant 6 000 objets connectés et traitant 800 millions de données.
SNCF Groupe GPT, la GenAI au service de la SNCF
La SNCF explore en interne le potentiel de la GenAI avec SNCF Groupe GPT au travers de différents cas d’usage : lire, analyser ou générer des textes, interpréter et générer des images, l’intégration de document pour une analyse via l’IA …
Développé en septembre 2023, il repose actuellement sur les avancées des derniers modèles de langage d’OpenAI, la SNCF a cependant l’intention de mener des tests avec d’autres LLM, notamment ceux de Mistral AI. Un échantillon de collaboratrices et collaborateurs se familiarise avec l’outil via un environnement dédié, protégé et sécurisé conçu par le Groupe qui a mis en place des parcours de prise en main pour les accompagner.
L’amélioration de SNCF Groupe GPT permettra la réalisation de nouvelles tâches nécessitant le recours à la voix, à l’image, à la vidéo.
Trad SNCF, un moteur de traduction automatique pour les agents SNCF
Testée pendant la coupe du monde de Rugby, l’application multilingue “Trad SNCF” à destination des agents sur leur smartphone pro, est un moteur de traduction automatique basé sur l’IA. Conçue pour informer les voyageurs étrangers en gare et à bord des trains, elle traduit la question posée en Français puis la réponse apportée par l’agent dans la langue de l’interlocuteur. L’algorithme de traduction automatique est entraîné sur les situations à bord des trains ou en gare et reconnaît naturellement 130 langues.
La protection des données personnelles, que ce soient celles des voyageurs ou des collaborateurs, est garantie : les conversations ne sont pas enregistrées et le traitement des données s’effectue au sein de l’UE.
Dans la perspective des JO 2024 durant lesquels près de 15 millions de touristes étrangers, venus de plus de 200 pays différents, sont attendus, 574 Sud groupe SNCF renforce son entraînement sur les principales langues de l’olympisme : anglais, espagnol, allemand, italien, néerlandais, portugais, japonais, arabe, chinois, indonésien.
Le projet Mobil’Quai
La SNCF a présenté plus récemment Mobil’Quai, un concept présenté par un consortium, réunissant SNCF Gares & Connexions, AREP, SNCF Voyageurs, l’institut de Recherche Technologique (IRT) Railenium, et l’entreprise Purple.
Ce projet innovant de points d’arrêt flexibles et modulaires permettra de créer des arrêts temporaires et durables afin d’améliorer les dessertes territoriales et de renforcer les liaisons autour des grandes métropoles. La connexion via une communication par satellites de type Starlink intégrée, ou la 3G/4G, permettra, grâce à l’exploitation de flux vidéo, d’assurer la supervision de l’installation et le traitement par l’IA des situations potentiellement à risque. De l’IA sera également intégrée pour permettre aux personnes non-voyantes ou malvoyantes de se déplacer par guidage depuis leur smartphone.
Mobil’Quai vise à intégrer des technologies à faible impact environnemental et sera testé dans la région Grand-Est avant un déploiement potentiel sur le réseau ferré national.