Intel a annoncé ce lundi 2 décembre que son PDG, Pat Gelsinger, avait démissionné du conseil d’administration et pris sa retraite. Malgré toutes ses tentatives depuis quatre ans pour rattraper le retard technologique pris par l’entreprise et lui permettre de retrouver son leadership de fondeur, Pat Gelsinger n’a pu redresser la situation financière d’Intel qui, sous sa direction, a enregistré des pertes importantes.
Les investisseurs s’étaient pourtant réjouis de son retour chez Intel en tant que PDG. Pat Gelsinger, né en 1961, a débuté sa carrière dans l’entreprise en 1979. Architecte du processeur 80486, il a rapidement gravi les échelons, devenant le plus jeune vice-président de l’histoire d’Intel à 32 ans. En 2001, il est nommé au poste de directeur technologique (CTO) d’Intel, supervisant des développements clés comme le Wi-Fi, l’USB, les processeurs Intel Core et Xeon, ce qui a permis à Intel de devenir le principal fournisseur de microprocesseurs au monde.
En 2009, alors directeur général du Digital Enterprise Group, il quitte Intel pour le géant du stockage EMC en tant que président et directeur des opérations et devient en 2012, PDG de VMware, devenu sous sa direction l’un des leaders des domaines de l’infrastructure Cloud, de la mobilité d’entreprise et de la cybersécurité. Il y reste jusqu’en 2021 avant qu’Intel, qui avait perdu son leadership de la fabrication de puces une dizaine d’années auparavant, ne lui propose le poste de PDG de la société.
Peu après son retour, il met en place en place une feuille de route des procédés de fabrication étendue au-delà des 5 nœuds en 4 ans (5N4Y), visant à permettre à Intel de regagner des parts de marché sur TSMC et Samsung et reprendre le leadership d’ici 2025.
En février dernier, il annonce le lancement d’Intel Foundry “la première fonderie de systèmes au monde conçue pour l’ère de l’IA”, une feuille de route élargie avec l’introduction de la technologie de processus Intel 14A et des évolutions de nœuds spécialisés ainsi que des partenariats avec Arm et Microsoft.
Pat Gelsinger a joué un rôle crucial dans l’obtention de financements directs (7,86 milliards de dollars) du gouvernement américain dans le cadre de la loi CHIPS et Science Act. Cependant, face aux mauvais résultats financiers du 1er semestre 2024, il a dû se résoudre à annoncer dans une lettre ouverte à ses employés un plan de licenciement de 15 000 emplois et mettre en place un plan de réduction des dépenses d’exploitation et d’investissement. Lors de sa démission, il a déclaré :
“L’année a été difficile pour nous tous, car nous avons pris des décisions difficiles mais nécessaires pour positionner Intel dans la dynamique actuelle du marché”.
Malgré ces difficultés, sa décision de quitter Intel soudainement interroge. Selon Bloomberg, elle a été prise à la suite de pressions du conseil d’administration motivées par des résultats financiers décevants, des retards dans les projets de fabrication et une perte de parts de marché face à Nvidia. Ce dernier a formé un comité de recherche afin de lui trouver un successeur. En attendant, David Zinsner, vice-président exécutif et directeur financier d’Intel et Michelle Johnston Holthaus, PDG d’Intel Products, assumeront la codirection générale intérimaire.