Début avril, le Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse (CRCT) et l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (IRIT), ont annoncé la création du premier laboratoire de recherche en cancérologie numérique. Nommé « Michel Laudet » en hommage au célèbre informaticien toulousain créateur en 1963 du CIT (Centre d’Informatique de Toulouse), premier président de l’IRIA (aujourd’hui INRIA) en 1967, ce laboratoire, fruit d’une longue collaboration, est intégré au sein du CRCT.
Le CRCT
Installé sur le site de l’Oncopole de Toulouse depuis 2014, le CRCT, sous tutelle de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Paul Sabatier, vise à stimuler la recherche dans la lutte contre le cancer et mène une approche intégrée entre la recherche, les soins et l’enseignement, dans une logique transversale et multidisciplinaire.
Il est dirigé par Gilles Favre, Professeur de Biochimie et de Biologie Médicale à l’Université de Toulouse, Directeur Scientifique au sein de l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse-Oncopole et également Directeur du Laboratoire de Biologie Médicale Oncologique. L’étroite collaboration avec les cliniciens de l’IUCT-Oncopole, qui associe l’Institut Claudius Regaud et des équipes du CHU de Toulouse, permet le transfert des résultats de la recherche vers des applications en clinique et le développement d’approches innovantes dans le domaine du diagnostic et des traitements. Le Centre met en place sa stratégie autour de ses 4 axes de recherche :
• Signalisation oncogénique, dommages à l’ADN et instabilité génétique ;
• ARN et cancer ;
• Microenvironnement tumoral et métabolisme ;
• Onco-immunologie.
Le CRCT poursuit ses actions pour consolider ses axes forts, lancer de nouvelles initiatives, recruter de nouveaux talents, développer sa stratégie partenariale et améliorer sa visibilité et son attractivité.
L’IRIT
Créé en 1990, l’IRIT est une UMR (Unité Mixte de Recherche) entre le CNRS, l’Université Paul Sabatier et l’Institut Polytechnique de Toulouse. Ses recherches, théoriques et appliquées, en Science des Données et du Calcul, trouvent leur application dans la vie courante, notamment dans les domaines suivants :
- Santé, autonomie, bien-être;
- Ville intelligente;
- Aéronautique, espace, transports;
- Média sociaux numériques et diffusion de l’information;
- e-éducation;
- Cybersécurité, sécurité des biens et des personnes.
Le laboratoire en cancérologie numérique
La recherche dans le domaine de la santé génère une masse de données qui ne peuvent être traitées dans leur totalité que numériquement. Les compétences en intelligence artificielle, en mathématiques, en simulation, en modélisation logique des systèmes et en vie artificielle de l’IRIT vont permettre aux chercheurs du CRCT et de l’IUCT-O d’accélérer leurs recherches et ainsi de proposer rapidement des solutions innovantes pour une meilleure prise en charge des patients atteints de cancer.
Ce laboratoire est un exemple d’une collaboration réussie entre sciences de l’informatique et sciences de la santé au bénéfice de la recherche en cancérologie et des patients. Par ailleurs, il permet aux chercheurs du CRCT de mieux appréhender les outils informatiques, d’IA et aux chercheurs de l’IRIT de mieux comprendre les questions essentielles de la cancérologie. Ce laboratoire a débuté son activité qui connaît une croissance rapide et met en place de nombreux projets ambitieux dans le cadre de la lutte contre le cancer.
Le laboratoire Michel Laudet compte :
- 10 de chercheurs de l’IRIT;
- 12 chercheurs du CRCT et de l’IUCT;
- 2 Thèses et 3 post-doctorants;
- 5 stagiaires en moyenne issus notamment des grandes écoles (Polytechnique, INSA Toulouse et École Centrale Paris, École des Mines);
- Une dizaine de projets en cours ou émergents.
Des débuts prometteurs
Ibrahim Didi, stagiaire de l’école polytechnique a reçu, le 2 décembre 2021, un prix de stage pour son travail autour de l’utilisation de techniques d’IA pour la prédiction du pronostic et l’aide à la décision de traitement de la leucémie aiguë myéloïde au sein du laboratoire Michel Laudet. Grâce à une base de données de 5 000 patients, recueillie en collaboration entre les centres hospitaliers universitaires de Toulouse et Bordeaux, le but du stage était de pronostiquer la survie à un temps donné de patients atteints de leucémie aigüe myéloïde pour les deux traitements les plus utilisés (chimiothérapie intensive et agents hypométhylants), ainsi que de prédire le traitement le plus adapté pour les patients âgés.
En se basant sur des techniques de classification par arbres de décision et deep learning, il a pu atteindre une exactitude de 70 % sur le pronostic à la médiane de survie, et une exactitude de plus de 90 % sur la prédiction du traitement donné par le praticien.