La Corée du Sud, reconnue pour son dynamisme technologique et son système éducatif compétitif, a pour projet de remplacer progressivement les manuels scolaires traditionnels par des cours personnalisés sur tablette ou PC. Se présentant sous la forme de contenus interactifs alimentés par l’IA, ils concerneront dans un premier temps les cours d’anglais, de mathématiques et d’informatique.
L’IA s’est invitée dans le programme scolaire des élèves de Corée du Sud, pays ultra connecté, dès 2021. Elle devrait lors de la prochaine rentrée scolaire, en mars prochain, voir son rôle évoluer vers celui d'”assistant pédagogique” de leurs enseignants.
L’IA analyse les performances des élèves, adapte ses explications et la difficulté des exercices en fonction de leur niveau. Un tableau de bord permet à leur professeur de suivre les travaux effectués ainsi que la progression des acquis. L’objectif est avant tout d’éviter le décrochage scolaire.
La mise en œuvre du projet concerne cette année quelques classes du primaire et de niveau secondaire (collège et lycée) et les seuls cours d’anglais, de mathématiques et d’informatique. D’ici 2028, les manuels alimentés par l’IA seront étendus à la quasi-totalité des matières, à l’exception toutefois de l’éducation physique, de la musique, et des arts tels que la peinture ou le dessin.
Tous les niveaux de l’élémentaire au lycée seront concernés, les élèves de maternelle se familiariseront de leur côté à l’IA via des jeux. Un vaste programme de formation à l’IA sera intégré dans le parcours universitaire des enseignants et leur formation continue.
Un projet controversé
À première vue, l’initiative du ministère de l’éducation sud-coréen semble n’apporter que des avantages : la pédagogie sera adaptée aux besoins de chaque élève, une mission quasi impossible pour les enseignants face à l’hétérogénéité des niveaux des élèves. Chacun d’entre eux travaillera à son rythme, les plus avancés n’étant plus ralentis par les difficultés rencontrées par leurs camarades, évitant ainsi l’ennui ou la démotivation.
Cependant, l’exposition accrue des enfants aux écrans suscite l’inquiétude de certains des parents qui ont signé une pétition demandant au gouvernement de prendre en compte le bien-être des élèves. Ils estiment que l’introduction de l’IA à l’école entraîne une dépendance excessive à la technologie, sans que la pertinence pédagogique de son utilisation soit clairement établie.
D’autre part, selon l’agence de presse Yonhap, l’Assemblée nationale a adopté le 26 décembre dernier un amendement à la loi sur l’enseignement stipulant que les manuels scolaires doivent être des ouvrages imprimés ou des livres électroniques. Par conséquent, tout contenu d’apprentissage alimenté par l’IA est classé comme support pédagogique complémentaire. Cette décision permet aux écoles de choisir d’inclure ou non ces supports pédagogiques numériques dans leur programme, en complément des manuels traditionnels.
Lee Ju-ho, le ministre de l’éducation, escompte que cette décision sera réexaminée prochainement par le Parlement et ne mettra pas le projet trop longtemps en suspens.