Les applications d’outils basés sur l’intelligence artificielle pour la biodiversité sont nombreux. Cette semaine, nous évoquions par exemple la plateforme développer par des chercheurs de l’université d’Alicante pour contrôler les espèces exploitées par la pêche. Voici une autre application qui s’intéresse cette fois aux éléphants d’Afrique, considérés depuis le mois dernier « en danger » et « en danger critique » d’extinction par les experts de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Une informaticienne de l’Université de Bath, en Angleterre, a conçu un nouvel algorithme qui pourrait permettre de lutter contre le braconnage.
Un algorithme qui photographie et analyse de larges surfaces
L’outil développé par la docteur Olga Isupova est couplé à des images haute résolution. Il permet à un satellite de scanner de vastes étendues de terres -comme une savane, une prairie ou alors une forêt- en peu de temps. Il collecte ainsi près de 5 000 km2 de photos.
L’intelligence artificielle contribue à limiter les actions humaines auprès des éléphants. Le programme compte de lui-même le nombre d’éléphants, ce qui ne met plus en danger les personnes qui réalisaient cette tâche auparavant. Les animaux eux, ne sont plus dérangés et le processus de collecte des données est plus efficace.
L’intelligence artificielle pour surveiller les éléphants d’Afrique
Le braconnage est l’une des plus grandes menaces pour les éléphants d’Afrique. C’est la cible préférée des marchands d’ivoire. Pour apporter une solution à ce problème, la Dr Olga Isupova a donc conçu cet algorithme. Elle s’est exprimée quant à la poursuite de son travail dans le domaine :
“La surveillance des animaux est une pièce d’un puzzle dans la conservation, y compris les activités anti-braconnage. Nous étudions actuellement d’autres possibilités telles que la détection des carcasses pour détecter d’éventuelles actions de braconnage, mais cela n’en est encore qu’à ses tout débuts.”
Il reste 415 000 éléphants d’Afrique en 2016. Cette population a diminué de 60% en ce qui concerne les éléphants vivant dans la savane et de 86 % pour ceux vivant dans la forêt. Malgré l’interdiction du commerce de l’ivoire en 1989, le nombre de braconniers a augmenté lorsqu’en 2007, une loi a été promulguée, autorisant la vente aux enchères de défenses saisies.
Contourner une possible extinction de masse grâce à l’intelligence artificielle
Les éléphants d’Afrique ont été choisis pour cette étude du fait de leur grande taille. Celle-ci les rend plus faciles à repérer afin de comparer les résultats fournis par la machine et ceux fournis par le comptage humain. À terme, ce genre d’algorithme pourrait être utilisé pour surveiller les empreintes de pas, les colonies d’animaux ou pour le comptage de plus petites espèces.
Pour Olga Isupova, la technologie sera d’une “grande aide” pour éviter une sixième extinction de masse, que si elle est couplée à l’activité humaine :
“En fin de compte, ce sont les gens sur le terrain, comme les rangers, qui accomplissent des actions concrètes. Par conséquent, si la technologie peut les aider de manière significative, il est également important de concentrer les financements auprès des personnes sur le terrain.”
Des technologies similaires ont déjà été utilisées pour compter des baleines, des pingouins et des albatros. La technologie infrarouge et les drones, eux, ont été exploités pour le comptage des koalas et des ours polaires également en voie de disparition. Cet algorithme est un outil supplémentaire qui pourrait donc aider les rangers et spécialistes sur place.