Les ressources humaines (RH) ont un rôle important au sein des entreprises. Au Canada, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CHRA) a mené un sondage internet auprès de 304 conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés (CRIA) travaillant en entreprise, il a permis de constater une faible utilisation de l’IA au sein des organisations et la présence de nombreux obstacles pour profiter de son plein potentiel.
Le Canada est mondialement reconnu en matière d’IA, il compte des établissements d’enseignement réputés, des chercheurs de renommée mondiale et des entreprises de technologie de pointe. En 2017, il a chargé le CIFAR de mettre au point et de diriger la Stratégie pancanadienne dont il a récemment lancé la seconde phase, pourtant, ce sondage a révélé un important décalage entre le développement et la mise en application de l’IA.
Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre des CRHA, déclare :
« L’utilisation de l’IA dans les organisations semble encore un peu timide. Pourtant, avec l’une des plus fortes concentrations de chercheurs au monde, une multitude de centres d’excellence, de startups et d’incubateurs, ainsi qu’un soutien gouvernemental grâce à des fonds publics, le Québec est un pôle mondialement reconnu en intelligence artificielle. L’écart entre ce qui est vécu sur le terrain et l’immense potentiel du Québec en IA a de quoi surprendre. »
Les équipes RH jouent un rôle essentiel à l’organisation des entreprises : GRH (gestion du personnel), recrutement, formation, gestion de la paie et des avantages sociaux, ainsi que l’élaboration de politiques et de directives. L’IA a le potentiel de simplifier, entre autres, le processus de recrutement et la gestion de la paie pourtant 60% des CHRA ou CRIA interrogés affirment que leur organisation n’a pas intégré ou ne compte pas intégrer l’IA dans leur quotidien, ou que la situation ne s’applique pas.
Le sondage « Utilisation de l’intelligence artificielle sous le prisme de la gestion des ressources humaines »
Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, l’utilisation de l’IA pour la gestion des ressources humaines pourrait permettre de :
- Optimiser le processus 84,27 %;
- Augmenter la productivité 62,92 %;
- Éliminer les tâches répétitives 57,30 %;
- Améliorer les facteurs de rétention et de fidélisation des employés 19,10 %;
- Pallier le manque de main-d’œuvre 25,84 %.
Concernant les obstacles rencontrés lors de l’intégration de l’IA au sein de leur entreprise, les sondés ont évoqué :
- Résistance au changement de la part des employés 40,45 %;
- Manque de formation pour l’utilisation 31,46 %;
- Crainte d’une élimination de postes au sein de l’organisation 23,60 %;
- Rehaussement des qualifications requises pour occuper les postes 22,47 %;
- Ne sait pas/ne s’applique pas 22,47 %;
- Difficulté d’assimilation et d’intégration pratique des nouvelles technologies 20,22 %;
- Interactions moins humaines et conviviales 17,98 %;
- Manque de données probantes pour correctement alimenter l’IA 15,73 %;
- Complexité due à une réorganisation du travail (réduction de certaines tâches ou
du temps imparti à ces tâches) 12,36 %; - Autre 5,62 %;
- Aucun 3,37 %.
Questionnés sur les raisons de la non-intégration de l’IA au sein de leur entreprise, elle serait due, selon eux, à :
- Un manque de ressources (financières, humaines, technologiques, etc.) 47,22 %
L’utilisation de ces technologies n’a jamais vraiment fait l’objet de discussion au sein de l’organisation 38,89 %; - Des connaissances insuffisantes des technologies liées à l’IA et de leurs avantages possibles 37,04 %;
- Pas nécessaire à l’accomplissement des tâches 24,07 %;
- Un manque de temps (recherche, évaluation, implantation, formation….) 19,44 %;
- Une culture organisationnelle réticente au changement (employés et/ou direction) 12,04 %;
- Ne sait pas/ne s’applique pas 11,11 %;
- La nature sensible de la gestion de données 9,26 %;
- Les nouvelles technologies, dont l’IA, apparaissent comme intimidantes 4,63 %.
Parmi les sondés, 15,71 % déclarent avoir recours à l’IA alors que 75,86 % affirment le contraire. Ils pensent que leur entreprise devrait intégrer l’IA dans les domaines suivants :
- Recrutement 46,38 %;
- Gestion prévisionnelle de la main-d’œuvre (départs, congés, promotion…) 38,72 %;
- Développement des compétences 28,94 %;
- Organisation du travail 25,96 %;
- Santé, sécurité, mieux-être 21,28 %;
- Rémunération 17,87 %;
- Rétention 17,45 %;
- Ne sait pas/ne s’applique pas 15,74 %;
- Gestion de l’équité, de la diversité et de l’inclusion 8,09 %;
- Aucune 3,40 %;
- Relations de travail 2,55 %;
- Autre 0,85 %.
Les CRHA/CRIA pourraient accompagner les organisations dans la gestion du changement qu’entraîne l’implantation des technologies d’IA ainsi que dans l’accompagnement des travailleurs pour une utilisation empreinte de succès.