Botswana : l’intelligence artificielle pour atténuer le conflit homme-éléphant

Botswana : l'intelligence artificielle pour atténuer le conflit homme-éléphant

La zone de conservation transfrontalière de Kavango-Zambèze, à sa création, visait à protéger la faune sauvage, notamment les éléphants du braconnage. Elle y a pleinement réussi puisqu’elle compte aujourd’hui 250 000 éléphants, soit plus de la moitié de la population totale de ces pachydermes sur le continent, estimée à 415 000 selon le WWF. Parallèlement, les conflits humain-éléphant ont eux aussi augmenté. Rétablir les couloirs de migration permettrait de résoudre, du moins en partie, ce problème. Pour cela, grâce à l’IA, une étude aérienne va être menée pour déterminer le nombre d’éléphants, les corridors animaux et les établissements humains autour des zones de conservation dans ses États membres.

Située en Afrique australe, la zone de conservation transfrontalière de Kavango Zambezi (KAZA) a été inaugurée en mars 2012. Elle s’étend sur 520 0000 km2 à travers les frontières de l’Angola, du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbawe. Centrée sur les bassins fluviaux de l’Okavango et du Zambèze, elle compte plus d’une douzaine de parcs nationaux, une variété d’autres réserves et les célèbres chutes Victoria.

Malheureusement, les conflits homme- éléphant y sont de plus en plus nombreux. Plus de 2 millions de personnes vivent sur moins du quart de la superficie de la zone ZAKA. Pour subsister, les villageois empiètent sur les zones forestières pour installer leurs cultures, les éléphants, de plus en plus nombreux, de leur côté, dévastent les récoltes, voire les habitations et vont même jusqu’à s’attaquer aux humains. Le changement climatique et la sécheresse aggravent ces conflits.

Etablir ou rétablir des couloirs migratoires

Les éléphants africains ont pour habitude de migrer à l’arrivée de la saison sèche au mois de juin pour trouver leur nourriture. Les routes migratoires qu’ils avaient l’habitude d’emprunter sont aujourd’hui entravées d’obstacles : barrières, ponts, routes… Pour endiguer la surpopulation des éléphants, notamment dans le parc national de Chobe au Botswana, la solution serait de déplacer les éléphants vers les parcs nationaux de Kafue en Zambie et de Luiana en Angola, où ils sont bien moins nombreux.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les gouvernements botswanais et angolais ont lancé en 2020 une initiative visant à créer des passages pour permettre aux éléphants de se déplacer du nord du Botswana vers le sud de l’Angola.

Déterminer le nombre d’éléphants, les corridors animaux et les établissements humains autour des zones de conservation de la zone Kaza grâce à l’IA

La zone de conservation transfrontalière de Kavango-Zambezi va consacrer plus de 3 millions de dollars à cette étude menée grâce à des caméras dotées d’IA fixées sous les avions. Durant une semaine, un atelier de formation visant à former et à sélectionner les observateurs qui y participeront s’est tenu dans la ville de Kasane, au Botswana.

Des experts des cinq États membres de la KAZA planifient les meilleures stratégies et techniques de mise en œuvre de l’étude aérienne.

Howard Frederick, écologiste, déclare :

« Nous espérons pouvoir utiliser les nouvelles technologies pour remplacer l’œil humain et obtenir les même données, cela nous permettra d’être plus cohérents et de réduire le temps de formation nécessaire a à la réalisations des enquêtes. Nous profitons donc du fait que certaines de ces caméras ont une résolution suffisamment élevée pour nous permettre de voir non seulement les éléphants mais aussi des animaux de la taille d’un phacochère. »

Il ajoute  :

« Donc nous pouvons utiliser les images pour compter de la même manière que nous le faisions avant mais maintenant ci nous pourrons revoir les photos à plus grande échelle et peut-être recueillir encore plus de données. »

Russell Taylor, conseiller en conservation du WWF, conclut :

« L’étude qui sera la première grande enquête paysagère jamais entreprise dans cette partie du monde. va fournir, tout d’abord, une estimation plus fiable du nombre d’éléphants que nous avons, mais aussi, et surtout, leur localisation ; Ce schéma de distribution nous permettra de voir où ils se trouvent par rapport aux schémas d’implantation humaine et où il pourrait y avoir des possibilités de créer des corridors pour permettre aux éléphants de se déplacer et ainsi essayer d’atténuer autant que possible les conflits avec les gens. »

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