Apple travaille sur le Projet Titan pour une voiture autonome depuis 2014. Alors qu’au mois de janvier 2021 le géant déclarait que le développement d’une voiture électrique autonome n’en était qu’à ses débuts et lui prendrait entre cinq et sept ans, la société envisagerait à présent de résoudre ce défi technique d’ici 2025 après avoir fait le choix d’une voiture totalement autonome, selon des informations émanant du site américain Bloomberg.
Nombreux sont les constructeurs ou les entreprises à s’être lancés dans la course à la voiture autonome : le groupe Alphabet (Google) avec Waymo, le chinois Baidu, Tesla ou encore Uber qui a d’ailleurs cédé sa division dédiée aux technologies de conduite autonome, ATG, à Aurora, une start-up soutenue par Amazon et Hyundai, en décembre 2020.
Apple a également voulu relever ce défi et a lancé Special Projects Group ou Project Titan, qui a subi des changements de stratégie et de collaborateurs depuis ses débuts en 2014. De nombreux essais ont été réalisés, des brevets déposés mais le projet fin 2019 n’était pas vraiment à la hauteur de la concurrence selon des observateurs.
Apple semble avoir mis les bouchées doubles depuis et le Projet Titan revient sur le devant de la scène d’autant plus que ses principaux concurrents subissent à leur tour des retards : Tesla, leader du marché des véhicules électriques, est loin de proposer des voitures entièrement autonomes et Waymo d’Alphabet peine à développer cette technologie suite à de nombreux départs de l’entreprise.
L’Apple Car
Ces dernières années, l’équipe d’Apple a exploré deux options en simultané : créer un modèle avec des capacités de conduite autonome limitées axées sur la direction et l’accélération (que l’on trouve déjà dans de nombreuses voitures actuelles) ou une version avec une capacité de conduite autonome complète sans aucune intervention humaine.
Kevin Lynch, le nouveau leader du projet, qui a lancé le logiciel de l’Apple Watch, a fait pencher la balance vers l’option 100 % autonome, selon les sources de Bloomberg. L’Apple Car n’aurait donc ni pédale ni volant. Une des hypothèses concernant son design serait un intérieur avec les sièges sur les côtés, à l’instar d’une limousine, similaire à celui du véhicule Lifestyle de Canoo Inc, nouveau venu dans l’industrie des véhicules électriques.
Apple ferait évidemment appel à un dérivé d’iPad à très large écran, qui serait installé au centre du véhicule et permettrait aux passagers d’interagir avec l’ordinateur de bord. La réglementation sur le marché des voitures obligerait néanmoins Apple d’équiper le véhicule d’un mode de « prise de contrôle d’urgence », donc d’un volant.
Selon les sources de Bloomberg, Apple aurait franchi une étape clé dans la conception de la puce, qui sera intégrée à la voiture et estime avoir terminé la majeure partie du travail.
Cette puce serait basée sur la même architecture que la puce M1 Max sur MacBook, ou les A Bionic sur iPhone et iPad et a été conçue par le groupe d’ingénierie du silicium d’Apple. Le travail a consisté à perfectionner le logiciel sous-jacent qui s’exécute sur la puce pour alimenter les capacités de conduite autonome.
C’est en fait le composant le plus avancé qu’Apple ait développé en interne, il se compose principalement de processeurs neuronaux capables de gérer l’intelligence artificielle nécessaire à la conduite autonome. Les capacités de la puce signifient qu’elle fonctionnera à chaud et nécessitera probablement le développement d’un système de refroidissement sophistiqué.
La sécurité avant tout
Pour que le véhicule autonome ait l’adhésion du public, il faut qu’il soit plus sûr que la conduite humaine. Les constructeurs en sont conscients et la sécurité est un des objectifs principaux des constructeurs.
Apple cherche à mettre en place des protections plus solides que celles proposées par Tesla (en 2019, il y a eu 35 accidents mortels en Tesla équipées par Autopilot et il y a quelques semaines, le crash d’une Tesla a relancé les interrogations) et Waymo, selon les ingénieurs impliqués dans l’effort. Pour cela, il lui faut développer un système offrant la possibilité aux couches de systèmes de sauvegarde d’intervenir pour éviter les défaillances du système de sécurité et de conduite.
Apple embauche y compris chez les concurrents
Apple recherche donc des ingénieurs pour tester et développer des fonctions de sécurité. Parmi ses offres d’emploi, on peut lire celle-ci :
“Le groupe des projets spéciaux recherche un ingénieur en mécanique accompli pour diriger le développement de systèmes mécaniques dotés de fonctions critiques pour la sécurité. Vous utiliserez votre passion pour comprendre les choses pour aider à concevoir des systèmes de sécurité et pour diriger les tests et les contre-mesures de ces systèmes.”
Pour accélérer le projet, Apple recrute davantage d’ingénieurs en matériel de conduite autonome et de voiture, elle s’est d’ailleurs adjoint les services de CJ Moore, l’ancien directeur des logiciels de conduite autonome de Tesla.
La société a également fait appel à un expert en systèmes climatiques de Volvo Car AB, un responsable de Daimler Trucks, des ingénieurs en systèmes de batterie de Karma Automotive LLC et d’autres constructeurs automobiles, un ingénieur en capteurs de Cruise LLC de General Motors Co., des ingénieurs en sécurité automobile d’entreprises comme Joyson Safety Systems et de plusieurs autres ingénieurs de Tesla, selon les informations rapportées par Bloomberg. Apple embauche également des ingénieurs logiciels pour travailler sur « des expériences d’interaction humaine avec la technologie autonome ». Apple devra développer des partenariats avec des constructeurs automobile pour mettre au point la structure de son véhicule. Les essais sur route de cette technologie, intégrée à des voitures Lexus, pourraient commencer très prochainement.