Afrique : le Sénégal envisage une stratégie nationale de gouvernance de la donnée

Début mars, un forum sur l’identité numérique et la gouvernance des données a débuté à Dakar, présidé par Yankhoba Diatara, ministre de l’économie numérique et des télécoms du Sénégal, sous la houlette de la présidente des données personnelles du Ghana, Patricia Poku et Awa Ndiaye, présidente de la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP). L’objectif de ce forum est de mettre en évidence les grandes problématiques de l’identité numérique et de la gouvernance de la donnée pour établir une stratégie nationale de gouvernance de la donnée ainsi qu’une stratégie de l’Intelligence Artificielle.

Le forum qui s’est tenu les 8 et 9 mars dernier a été organisé par la CDP en partenariat avec le Réseau Africain des autorités de Protection des Données Personnelles (RAPDP) et l’Alliance Smart Africa. Il a réuni des acteurs et des experts de l’écosystème du numérique ainsi que des organisations de la protection des données personnelles d’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cap-Vert, du Ghana et du Maroc.
Le ministre de l’économie numérique et des télécoms a rappelé l’importance de cette initiative et a déclaré que son objectif est de :

« poser les principes de gouvernance et jeter les bases d’une politique harmonisée multi-acteurs et multisectoriels de valorisation des données favorable à l’innovation, la confiance numérique, la protection des droits fondamentaux et au développement économique. »

Il a souligné le fait que la stratégie de la donnée n’est pas assez bien prise en compte en Afrique malgré le développement fulgurant des infrastructures et des marchés de l’économie.

Yankhoba Diatara a aussi rappelé les efforts du Sénégal pour la mise en place d’une politique de souveraineté numérique avec notamment l’acquisition d’importantes infrastructures DATA de dernière génération comme un supercalculateur d’une puissance de 537 téraflops et d’une capacité de stockage intégrée de 956 téraoctets,  des datacenters de type TIERS 3 pour assurer l’hébergement et la sécurisation des données les plus critiques. Des efforts sont également faits pour assurer le transfert des données de l’étranger vers le Sénégal, le pays ayant acquis l’infrastructure de stockage des données. Par ailleurs, il a déclaré qu’il travaille sur la cybersécurité, la cybercriminalité, mais également sur la cyberdéfense :

« Il y a un travail de sensibilisation qui a été fait par la CDP malgré le manque de moyens constatés à ce niveau qui doit être renforcé. Il laisse entendre qu’il y a véritablement un problème de prise de conscience. Il y a trop de données qui sont manipulées, partagées et les gens ne sont pas conscients que ces données soient stockées quelque part et on ne sait pas à quoi ces données serviront. »

Pours Awa Ndiaye, Présidente de la CDP, le Forum permettra de concrétiser la coopération entre le Secrétariat de l’Alliance Smart Africa et le Réseau Africain des Autorités de Protection des Données Personnelles (RAPDP) autour d’un Memorandum of Understanding (MOU). Elle a insisté sur la notion d’éthique, a souligné la disparité entre les législations, obstacle pour mettre en place un système transparent, sécurisé et de confiance. Elle déclare:

« Ces derniers mois, les travaux du Groupe “Data protection Flagship” initié par Smart Africa et coordonné par le Sénégal, ont permis d’élaborer des lignes directrices sur la protection des données personnelles en Afrique, en vue de l’harmonisation de nos législations, et du renforcement de la coopération entre les Autorités africaines en charge de la Protection des données. La signature du MOU marquera ainsi le premier pas d’une collaboration, que nous espérons très fructueuse entre le RAPDP et Smart Africa. »

Pour elle :

« l’attribution d’une identité numérique à chaque citoyen est devenue un prérequis fondamental, pour l’implémentation des politiques publiques des États, et pour les transactions électroniques. »

La présidente du Réseau africain des autorités de protection des données personnelles (RAPDP), Patricia Poku, a insisté, quant à elle, sur « la nécessité pour l’Afrique d’avoir une voix commune pour une meilleure gestion et gouvernance des données personnelles, par moments, hébergées en dehors du continent. »

Outre la protection des données, une autre stratégie nationale sur l’intelligence artificielle a été engagée avec le secteur privé, OPTIC, et les autres acteurs.

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