Rapport de l’UNESCO : les dangers de l’IA générative pour une transmission fidèle de l’histoire de l’Holocauste

Un nouveau rapport de l’UNESCO met en lumière les dangers potentiels de l’IA générative sur la préservation et la transmission de la mémoire de l’Holocauste. Publié en collaboration avec le Centre juif mondial ce 18 juin à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre les discours de haine, il alerte sur la capacité de l’IA à propager des discours antisémites et sur la menace croissante de désinformation et de manipulation historique qu’elle représente.

Alors que ces derniers mois, nous assistons à une recrudescence des propos et des actes antisémites, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, prévient :

“Si nous permettons que les faits terribles de l’Holocauste soient dilués, déformés ou falsifiés par une utilisation irresponsable de l’IA, nous risquons une propagation fulgurante de l’antisémitisme et une diminution de notre compréhension des causes et des conséquences de ces atrocités. Il est urgent de mettre en œuvre la Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’IA afin que les jeunes générations se nourrissent de faits avérés et non fabriqués”.

Les dangers de la désinformation et des “hallucinations” de l’IA

Les modèles d’IA générative, lorsqu’ils manquent de données suffisantes, tendent à “halluciner”, c’est-à-dire, à inventer des événements ou des faits historiques inexacts. Le rapport souligne que des IA comme ChatGPT et Gemini, le modèle que Google avait d désactiver en février dernier après qu’il ait généré des images de Nazis noirs, ont déjà produit de fausses informations sur l’Holocauste. Par exemple, ChatGPT a créé de toutes pièces un récit sur des “campagnes de noyade” perpétrées par les nazis, tandis que Gemini a fabriqué des citations de témoins inexistants.

D’autre part, les IA ont tendance à simplifier à l’extrême les faits complexes, en se concentrant sur un nombre limité de sources et d’événements. Par exemple, dans les moteurs de recherche utilisant l’IA, une majorité des images affichées concernent uniquement Auschwitz-Birkenau, négligeant d’autres aspects et expériences de l’Holocauste.

Une propagation incontrôlée de la désinformation

Le rapport montre que les jeunes, de plus en plus dépendants des outils d’IA pour leurs recherches et leurs devoirs, sont particulièrement vulnérables à cette désinformation. Selon une étude de l’ONU, quatre jeunes sur cinq âgés de 10 à 24 ans utilisent l’IA plusieurs fois par jour. L’absence de supervision rigoureuse et l’entraînement des IA sur des données potentiellement biaisées ou trompeuses augmentent le risque de propagation de contenus négationnistes.

Les deepfakes, un outil de radicalisation

Les deepfakes représentent un outil puissant pour les acteurs malveillants. Ces contenus, souvent convaincants, peuvent falsifier des témoignages ou des archives historiques, trompant ainsi le public. Le rapport mentionne des deepfakes impliquant des figures historiques nazies et même des personnalités contemporaines comme Emma Watson lisant Mein Kampf, ayant été vus des millions de fois sur les réseaux sociaux.

Erosion de la confiance publique

Le rapport met en garde contre une possible érosion de la confiance du public dans les faits historiques, du fait de la difficulté croissante à distinguer les contenus générés par IA des informations véridiques. Cette méfiance pourrait s’étendre aux témoignages des survivants de l’Holocauste et aux preuves historiques réelles.

Appel à une action collective

Pour contrer ces risques, l’UNESCO appelle les entreprises technologiques à assumer leurs responsabilités. Elles doivent s’assurer que leurs outils respectent les principes éthiques tels que l’équité, la transparence et les droits humains. Le rapport recommande également une collaboration étroite avec la communauté juive, les survivants de l’Holocauste, les éducateurs et les historiens pour élaborer des modèles d’IA fiables et respectueux de la mémoire historique.

Elle encourage les gouvernements à suivre la Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, adoptée par ses 193 États membres en 2021 et invite les enseignants à défendre l’histoire de l’Holocauste en sensibilisant les jeunes à un usage responsable des technologies, en développant leur esprit critique, et en leur fournissant une compréhension approfondie de ce génocide.

Pour retrouver le rapport : “AI and the Holocaust: rewriting history? The impact of artificial intelligence on understanding the Holocaust”, cliquer ici

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